Dors, petite fille

Je regarde cette petite fille, sur la page de titre...elle semble avoir une dizaine d'années. Des cheveux blonds filasse entourant un visage mécontent et légèrement bouffi, un joli petit nez surmontant une bouche qui ne sourit pas...des yeux qui ne sont que des flaques d'ombre. C'est Chris qui se tient là, les bras tombant le long d'un corps trop petit...Chris n'a pas été touché par la grâce du bonheur ; née autiste, elle va de foyer en famille d'accueil depuis que ses parents sont morts dans d'étranges circonstances. Elle n'a pas de chance non plus avec ses parents adoptifs...ils meurent pendant leur sommeil...

Lui, c'est Juan, aspirant-journaliste porté sur le fantastique (pour preuve, les livres dans sa bibliothèque) et heureux en couple. Aiguillé par un ami sur l'histoire inquiétante de Chris et poussé par la curiosité, Juan va visiter en toute illégalité la maison barricadée des parents biologiques de Chris, pour se rendre compte que la petite fille traîne pire que quelques fantômes derrière elle...

Les illustrations de cette BD espagnole dans lesquelles dominent le noir, gris, bleu effacé et ocre, sont en parfait accord avec le récit sombre. Les dessins, aquarelles et pochades ombrageux ne sont ni particulièrement fins ou précis, parfois approximatifs, mais donnent à l'ensemble une ambiance menaçante. Les expressions des visages, par contre, restent parfaitement limpides pour nous raconter la peur, le malaise, la haine et l'angoisse pure...