Ailleurs, plus loin

Ce Amy Bloom là est comme le cochon : tout y est bon. de cette quête initiatique, on souffre avec Lilian des pogroms, de ses pieds en charpie, de la mort à l'affut. Et pourtant sourd de la joie, une exaltation à la vie, un enthousiasme vivifiant. La condition de la femme en ce début de siècle, juive de surcroit, est excellement rendue. les personnages secondaires, attachants. Les métaphores, riches. L'imagination, féconde. le turn-page, absolu (lu en une nuit, achevé sur un lever de soleil symbolique). Quant aux avis précédant le mien, je trouve bien Tartuffe les cris d'orfraie pour quelques scènes polissonnes, culpabilisant du plaisir honteux qu'ils y ont pris. Cette traversée des Etats-Unis, de NY à Seattle, puis jusqu'au cercle article, sans être violée, est un exploit digne de l'Odyssée. Sont jubilatoires ses certitudes inébranlables, sa jolie frimousse, sa baraka peu commune et son capacité à se faire aimer. Cette quête du graal est un chef d'oeuvre délectable. Entièrement écrit au présent de l'indicatif, ce temps apporte un vent de fraicheur qu'exalte la pudeur et la volonté de ne jamais larmoyer, ni succomber aux ravages de l'émotion facile et factice.