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Critique de Afleurdelivres


« Puisque je n'ai plus le temps, eh bien je vais le prendre ».

Bouleversant chant du cygne. Murmure du cygne devrais-je écrire car le poète Christian Bobin aura quitté la vie comme il l'a vécue et comme il écrivait : à bas bruit. Même si ici le mot murmure revêt un tout autre sens, bien plus symbolique et poétique.

« J'écris à bas bruit et j'écoute de même », « j'écris comme on s'absente […] j'écris comme se cachent les bêtes éprises de leur fin, blessées à mort par la beauté de vivre. »

Observateur et contemplatif invétéré, ce grand sensible avec cet ultime recueil achevé sur son lit d'hôpital alors que la maladie le mène «  au bout du langage », percute directement notre âme. Nous transfusant une dernière dose de vie avant de partir « tourbillonner dans la lumière ». « J'écris un livre de guerre. Pas pour faire des morts, mais pour faire des vivants ».
Ses mots cognent plus qu'ils ne résonnent. Non sans délicatesse. Avec Bobin la communication se fait du coeur au coeur.
Entre réalité et hallucinations son esprit, un peu brouillé par les opiacés, virevolte et vagabonde. Dès que son regard se pose et que ses sens s'éveillent, ses mots par ricochet animent les nôtres.
Son envahissante et communicative sensibilité nous plonge dans un voyage sensoriel profond où l'on croise beaucoup d'artistes (surtout des génies de la musique). L'amour, sa femme qu'il réconforte magnifiquement, sa mère, la vie , l'Humain, l'écriture, la poésie, la nature, la musique, le Temps, le silence…autant de thèmes évoqués avec force.

Dans cet ultime chant de vie il nous emporte de sa plume d'étourneau dans une nuée d'émotions et de sensations invitant à apprécier « les petits riens » de l'existence qui en font la quintessence pour qui sait ressentir et observer positivement. Réaffirmant que « La grande énigme n'est grande que d'être petite » il souligne avec sagesse et modestie que « rien est le tout de ce que je sais ».
Les choses simples de la vie passent dans le vortex émotionnel de sa création intérieure pour les sublimer.

Du grand Bobin.

Un coeur à coeur inoubliable et désormais éternel.
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