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Critique de Bigmammy


Né en 1939, Yves Boisset aurait pu, contrairement à certain homme politique, voir débarquer les alliés en Normandie. Il se souvient seulement de l'affolement de la foule pendant le Te Deum de la Cathédrale de Paris où De Gaulle resta d'un calme marmoréen sous les rafales des snipers. Il nous donne ici ses souvenirs de chercheur infatigable de la vérité et de pourfendeur de la bêtise, à travers près de 50 films en presque 50 ans, souvenirs encore très frais d'un vieux jeune homme à la voix grave et chaleureuse. Des films qui défrayèrent à peu près tous la chronique, furent poursuivis par la censure, bref, une carrière d'empêcheur de tourner en rond.
Paradoxalement, pour moi, ce sont les films tournés pour la télévision que j'ai trouvés les plus aboutis, en particulier l'Affaire Seznec (1992), l'Affaire Dreyfus (1994), Jean Moulin (2002), L'Affaire Salengro (2008). Mais je n'oublie pas Un condé (1970), R.A.S . (1973), Dupont Lajoie (1974), la Femme Flic (1979), Allons z'enfants (1980), le prix du danger (1982), Canicule (1983) ou Radio Corbeau (1988). Fin de ma sélection personnelle.
Ce qui est sympathique, c'est qu'Yves Boisset n'a pas eu recours à un nègre pour rédiger ses mémoires. Donc, le style n'est pas celui d'un récent Prix Goncourt, mais là n'est pas le propos. Ses souvenirs sont encore très frais et foisonnent d'anecdotes de tournage parfois cocasses, parfois tragiques. Yves Boisset est un homme souvent fasciné, par ses maîtres en cinéma comme Jean-Pierre Melville pourtant décrit comme mesquin, injuste, cruel mais génial mais pas aussi provocateur qu'un Orson Welles franchement insupportable vis-à-vis de René Clément sur le tournage de Paris brûle-t-il ? Fasciné par les acteurs, qu'il adore, fasciné par l'ivrognerie invétérée d'un Pierre Brasseur ou de Peter O'Toole, mais surtout par leur capacité à tourner avec talent dès qu'il le faut. Car la carrière d'Yves Boisset est totalement dédiée au cinéma. A 26 ans, il a déjà été l'assistant d'Yves Ciampi, Melville, Claude Sautet, Vittorio de Sica, René Clément, Riccardo Freda, et a conquis la confiance d'Harry Salzmann.
Mais il ne peut s'empêcher de « balancer » ceux qui abusent : drogues dures, alcool, violence et coup de poing facile, lenteur du travail de scénariste, homosexualité, passion dévorante du jeu … La critique est cinglante. C'est le moment de régler des comptes. Mais on lui pardonne aussi ses obsessions – comme celle des Chasses du Comte Zaroff, dont l'évocation revient dans plusieurs de ses films, ou sa passion pour le western ou le film noir...
Yves Boisset en profite aussi pour se défendre d'être inféodé à aucun parti politique – avec l'âge, il est revenu de tout mais visiblement ce ne fut pas toujours le cas. Il a tourné des films populaires destinés à amener les gens à se poser des questions qu'ils ne se seraient peut-être pas posés auparavant. A ce titre, il n'a jamais dévié de sa ligne de conduite. Alors, nous le remercions pour Dupont Lajoie et l'Affaire Dreyfus, des modèles du genre.
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