Ce roman jeunesse (mais que les adultes apprécieront tout autant) est aussi beau à l'intérieur que sur sa magnifique couverture d'ombres chinoises ciselées. Aucune illustration à l'intérieur, mais des mots, des phrases, des envolées d'une précision et d'une poésie addictive, et une construction narrative "en arche" finalement très visuelle.
Hama, jeune fille qui a tout pour elle à commencer par sa jeunesse et sa beauté, rencontre à l'usine où elle travaille un nouvel arrivant, Bo. le coup de foudre est immédiat. Mais l'amour qu'on espère plus fort que tout a du mal à supporter les contraintes extérieures, et lorsqu'un drame survient à l'usine, les jeunes amoureux décident de s'enfuir. Après des semaines d'errance ils sont recueillis par une étrange communauté, fratrie où chacun porte comme nom son rang de naissance et a un rôle bien défini : Neuf et Treize sont cuisiniers, Sept astrologue... Hama donne naissance à sa fille Tsell, puis le jeune couple repart, contre le gré de Bo. Dès lors Tsell devient narratrice de l'histoire. Après un nouveau périple interminable, c'est près de la mer qu'ils établissent leur nouvelle vie de famille, coulant pendant douze ans des jours paisibles. L'arrivée de la guerre, matérialisée par un immense cargo, va tout chambouler. Et à ce nouveau cataclysme, le couple de Bo et Hama ne survivra pas. C'est Tsell qui leur succède, et entraîne son jeune amoureux Vigg dans sa fuite. Est-ce le hasard, ou le destin, toujours est-il qu'ils vont refaire en sens inverse le chemin des parents de Tsell. Magnifique arche narrative donc, et si émouvante...
J'ai vibré avec ces personnages et leur parcours initiatique émaillé de drames, de joies, avec une touche de merveilleux. J'ai pleuré aussi, car cette histoire intemporelle s'avère finalement émouvante mais triste, si triste...
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