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Critique de Ahoi242
Dans L'aimant, original et mystérieux premier roman graphique de Lucas Harari, Pierre, étudiant parisien en architecte écrivant une thèse sur l'architecte suisse Peter Zumthor, se rend en Suisse aux thermes de Vals. Oeuvre majeure de l'architecte suisse, les thermes de Vals sont ce que Céline Bonito-Donato qualifie de « lieu au sens heideggerien » (p. 150).
C'est dans « Bâtir habiter penser », conférence prononcée au mois d'août 1951 à Darmstadt et reproduite dans Essais et conférences, que le philosophe allemand s'interroge sur les notions apparemment évidentes de bâtir, habiter et penser - précisément « Nous demandons : 1° Qu'est-ce que l'habitation ? 2° Comment le bâtir fait-il partie de l'habitation ? » (p. 170). Cette conférence a été donnée devant des architectes et dans un contexte de reconstruction d'une Allemagne partiellement détruite par les bombardements alliés. le texte de Heidegger se veut ainsi une critique des reconstructions de l'après-guerre : plus tard, dans le cadre du « Séminaire de Zähringen », Heidegger écrira « Y-a-t-il encore, en ce temps, quelque chose de tel qu'un « chez-soi », une habitation, une demeure ? Non, il y a des machines à habiter, des concentrations urbaines, bref : le produit industrialisé, et non plus une maison » (p. 477 in Questions III et IV).
Dans Heidegger et la question de l'habiter. Une philosophie de l'architecture*, Céline Bonito-Donato propose une lecture commentée du texte de Heidegger en se demandant notamment « Pourquoi lire Heidegger aujourd'hui ? » (p. 5) et notamment pour les architectes et étudiants en architecture. S'appuyant sur les différents écrits de Heidegger - pas uniquement l'essai de 1951 -, les écrits de Zumthor et d'autres et sur quelques oeuvres architecturales dont les thermes de Vals, la maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright ou la villa Mareia de Alvar Aalto, Céline Bonito-Donato dissèque et décrypte la pensée de Heidegger sur le bâtir et le penser en la remplaçant dans la pensée de Heidegger et dans le temps de celle-ci - notamment en revenant sur le tournant (Die Kehre**) opérée par la pensée de Heidegger.
Par ses efforts de pédagogie, le livre de Céline Bonito-Donato rend plus intelligible la pensée de Heidegger sur le « Bâtir habiter penser ». le détour de production par Thierry Paquot qui m'a permis de me familiariser avec l'essai de 1951 de Heidegger et la lecture de L'aimant de Lucas Harari qui m'a permis de découvrir l'oeuvre de Peter Zumthor ont grandement facilité ma lecture de l'essai de Céline Bonito-Donato.
Si le Dasein, le Quadriparti, l'étant à-portée-de-la-main, l'étant sous-la-main ou l'être-au-monde n'évoquent rien au lecteur, la lecture de Heidegger et la question de l'habiter. Une philosophie de l'architecture restera quelque peu ardu. Un détour de production*** pour se familiariser d'abord avec Heidegger est à conseiller pour apprécier davantage la lecture qu'en propose Céline Bonito-Donato.
* Reçu dans le cadre d'une masse critique, le livre est édité par les éditions marseillaises Parenthèses. Je remercie les éditions Parenthèses ainsi que Babelio.
** Quelques termes caractéristiques de la pensée de Heidegger sont repris dans un glossaire en fin d'ouvrage.
*** À la limite par The Philosopher's Song des Monty Python :
« Immanuel Kant was a real pissant
Who was very rarely stable.
Heidegger, Heidegger was a boozy beggar
Who could think you under the table.
David Hume could out-consume
Wilhelm Friedrich Hegel,
And Wittgenstein was a beery swine
Who was just as schloshed as Schlegel.
There's nothing Nietzsche couldn't teach ya'
'Bout the raising of the wrist.
Socrates, himself, was permanently pissed...
John Stuart Mill, of his own free will,
On half a pint of shandy was particularly ill.
Plato, they say, could stick it away,
Half a crate of whiskey every day.
Aristotle, Aristotle was a bugger for the bottle,
Hobbes was fond of his dram,
And Rene Descartes was a drunken fart: "I drink, therefore I am"
Yes, Socrates, himself, is particularly missed;
A lovely little thinker, but a bugger when he's pissed! »
C'est dans « Bâtir habiter penser », conférence prononcée au mois d'août 1951 à Darmstadt et reproduite dans Essais et conférences, que le philosophe allemand s'interroge sur les notions apparemment évidentes de bâtir, habiter et penser - précisément « Nous demandons : 1° Qu'est-ce que l'habitation ? 2° Comment le bâtir fait-il partie de l'habitation ? » (p. 170). Cette conférence a été donnée devant des architectes et dans un contexte de reconstruction d'une Allemagne partiellement détruite par les bombardements alliés. le texte de Heidegger se veut ainsi une critique des reconstructions de l'après-guerre : plus tard, dans le cadre du « Séminaire de Zähringen », Heidegger écrira « Y-a-t-il encore, en ce temps, quelque chose de tel qu'un « chez-soi », une habitation, une demeure ? Non, il y a des machines à habiter, des concentrations urbaines, bref : le produit industrialisé, et non plus une maison » (p. 477 in Questions III et IV).
Dans Heidegger et la question de l'habiter. Une philosophie de l'architecture*, Céline Bonito-Donato propose une lecture commentée du texte de Heidegger en se demandant notamment « Pourquoi lire Heidegger aujourd'hui ? » (p. 5) et notamment pour les architectes et étudiants en architecture. S'appuyant sur les différents écrits de Heidegger - pas uniquement l'essai de 1951 -, les écrits de Zumthor et d'autres et sur quelques oeuvres architecturales dont les thermes de Vals, la maison sur la cascade de Frank Lloyd Wright ou la villa Mareia de Alvar Aalto, Céline Bonito-Donato dissèque et décrypte la pensée de Heidegger sur le bâtir et le penser en la remplaçant dans la pensée de Heidegger et dans le temps de celle-ci - notamment en revenant sur le tournant (Die Kehre**) opérée par la pensée de Heidegger.
Par ses efforts de pédagogie, le livre de Céline Bonito-Donato rend plus intelligible la pensée de Heidegger sur le « Bâtir habiter penser ». le détour de production par Thierry Paquot qui m'a permis de me familiariser avec l'essai de 1951 de Heidegger et la lecture de L'aimant de Lucas Harari qui m'a permis de découvrir l'oeuvre de Peter Zumthor ont grandement facilité ma lecture de l'essai de Céline Bonito-Donato.
Si le Dasein, le Quadriparti, l'étant à-portée-de-la-main, l'étant sous-la-main ou l'être-au-monde n'évoquent rien au lecteur, la lecture de Heidegger et la question de l'habiter. Une philosophie de l'architecture restera quelque peu ardu. Un détour de production*** pour se familiariser d'abord avec Heidegger est à conseiller pour apprécier davantage la lecture qu'en propose Céline Bonito-Donato.
* Reçu dans le cadre d'une masse critique, le livre est édité par les éditions marseillaises Parenthèses. Je remercie les éditions Parenthèses ainsi que Babelio.
** Quelques termes caractéristiques de la pensée de Heidegger sont repris dans un glossaire en fin d'ouvrage.
*** À la limite par The Philosopher's Song des Monty Python :
« Immanuel Kant was a real pissant
Who was very rarely stable.
Heidegger, Heidegger was a boozy beggar
Who could think you under the table.
David Hume could out-consume
Wilhelm Friedrich Hegel,
And Wittgenstein was a beery swine
Who was just as schloshed as Schlegel.
There's nothing Nietzsche couldn't teach ya'
'Bout the raising of the wrist.
Socrates, himself, was permanently pissed...
John Stuart Mill, of his own free will,
On half a pint of shandy was particularly ill.
Plato, they say, could stick it away,
Half a crate of whiskey every day.
Aristotle, Aristotle was a bugger for the bottle,
Hobbes was fond of his dram,
And Rene Descartes was a drunken fart: "I drink, therefore I am"
Yes, Socrates, himself, is particularly missed;
A lovely little thinker, but a bugger when he's pissed! »
