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Critique de Ziliz


Ziliz
06 février 2021
Gare au gourou !
Elle s'appelle Lucie, prénom dérivé du latin 'lux', lumière. Elle traverse pourtant une zone d'ombre. A vingt-neuf ans, elle ne sait pas ce qu'elle fait de sa vie, malgré ses diplômes et un poste 'à responsabilités' (mais un peu sclérosant ?) dans un musée. Un grand vide affectif, sans doute.
Il s'appelle Thierry, mais c'est 'le Berger' pour la communauté. Berger, ça fait moins peur que gourou. C'est bucolique, en communion avec la nature, et donc... au plus près de Dieu. Ça suggère qu'il est suivi par un troupeau de moutons, quand même, mais en religion, on préfère parler de 'brebis égarée', car chacun est unique. On oublie aussi que, selon la Bible, Dieu a 'ordonné' (sic) à Moïse d'immoler un agneau par famille une fois par an (Pâques/Pessah). Il avait de ces caprices, celui-là !
« Pendant qu'un Abraham ivre de sacrifices
Offre à son Dieu vengeur les sanglots de son fils,
Kill the Kids... » ♪♫ (HF Thiéfaine)
C'est Mariette, la douce collègue quinquagénaire de Lucie, qui va les mettre en contact. Et Lucie est vite touchée par la grâce.

A propos des sectes, je m'interroge toujours : jusqu'à quel niveau (car il y a une hiérarchie) les membres sont sincères et croient en leurs fariboles ? Allumés ou imposteurs ? S'agit-il uniquement d'un sombre business ?

On a des réponses, ici... tardivement, mais peut-être parce que j'ai lu ce livre très lentement. J'ai eu du mal à supporter les discours religieux, les cérémonies, les transes... Envie de hurler, d'aller récupérer les pauvres victimes, et d'en coller une bonne au berger (oups, pas de violence) manipulateur, qui souffle le chaud et le froid.
Certains membres se satisfont durablement de ce genre de domination, cela dit, vécue comme une protection, un paternage. Il est vrai que c'est idyllique, au début, pour la nouvelle recrue : félicité, plénitude, impression d'être enfin utile, aimée, reconnue.
Mais l'auteur montre bien la spirale infernale, usant au début d'un vocabulaire évoquant le sentiment amoureux (fascination, obsession), jusqu'à l'emprise, la soumission, la perte de discernement (aggravée par le jeûne imposé et la fatigue), l'aliénation totale...

Les sectes peuvent avancer masquées via des associations humanitaires, des stages de relaxation, yoga, sophro, etc.
Les portes d'entrée ne manquent pas et les rabatteurs savent repérer les proies faciles, pas forcément sans bagages culturels, pas forcément jeunes, juste des personnes en perte de repères, en rupture familiale ou sentimentale.
Cela vaut aussi pour les recruteurs de Daech, qui commencent par montrer patte blanche avec des discours pleins de bon sens sur la société qui part en vrille, et le retour essentiel aux 'vraies' valeurs. Ça se dégrade ensuite...

• Merci à Babelio et au Seuil.

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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=SC25Hdb91-k ♪♫
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