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Critique de CDemassieux


Dans un entretien télévisé, le médiéviste Jacques le Goff expliquait que les oeuvres littéraires du Moyen Âge, quelle que fût l'excellence de leur traduction en français moderne, nous demeuraient en général assez hermétiques.
J'avoue que je partage ce point de vue, qui se confirme avec le Merlin de Robert de Boron, récit fragmentaire – seuls les 504 premiers nous sont parvenus et à noter qu'il a été transcrit en prose par un inconnu – qui oscille entre un comique daté déroutant et une gravité prophétique, très marquée par une foi chrétienne plus moraliste que mystique.
Toutefois, « le récit qui se contente d'une élocution sans fioriture, avare de descriptions et de couleur, va bon train. Et ce qui donne vie au style, c'est la fréquence des dialogues qui occupe presque la moitié de l'ouvrage », relève très justement Alexandre Micha dans sa préface.
C'est donc sur l'énigmatique fils du diable, qui a échappé à l'emprise de son père, que se penche ce texte, second volet d'une trilogie, précédé du Joseph - Joseph d'Arimathie, qui recueillit le sang du Christ dans la coupe ayant servi lors de la Cène, autrement dit le Graal – et suivi du Perceval (sans certitude que Boron en soit l'auteur), évoquant, notamment, la quête du Graal, absente du Merlin, lequel s'achève avec l'avènement du roi Arthur, selon les deux fins proposées, la seconde étant un raccord, nous dit-on en note.
Loin des récits de la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, de Jacques Boulanger, ou de L'Enchanteur, de Barjavel, les figure mythiques que nous connaissons si bien n'apparaissent pas ou peu, noyées dans des digressions qui, avouons-le, alourdissent l'histoire. D'où une certaine frustration, augmentée par cette sempiternelle manie de la répétition, dont l'épisode de l'épée Excalibur, retirée et fichée plusieurs fois par Arthur jusqu'à ce qu'on l'admette comme roi, n'est pas des moindres. Dès lors, la dimension héroïque tombe à plat. Même si certains éléments sont remarquablement exposés. Je pense aux trois tables : celle de la Cène, celle de Joseph d'Arimathie et enfin la Table ronde.
Mais ceci a été écrit, rappelons-le, par un homme qui vécut entre les XIIe et XIIIe siècles, avec des codes narratifs propres à son époque.
En annexe de la présente édition, des textes complémentaires sont proposés qui mettent en scène d'autres personnages plus ou moins fameux de l'histoire de Merlin, comme Viviane ou Grisandole. Certains de ces ajouts infirment parfois ce que l'on vient de lire, ce qui est assez déroutant.
Il faut donc voir dans ce Merlin un conte moral très daté plutôt qu'une aventure palpitante. Pour autant, je ne parlerai pas de déception car c'est un document historique qui nous renseigne sur les us et coutumes d'une époque donnée.

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