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Critique de Aryia


A chaque fois que je termine un livre de Pierre Bottero, je me dis invariablement « Il est encore meilleur que ceux que j'ai lus jusqu'à présent ! » … mais je pense que la vraie explication, c'est tout simplement qu'ils sont tous extraordinaires ! Et contrairement à ce qui arrive parfois avec d'autres auteurs, le fait de dévorer tout ou partie de sa bibliographie en très peu de temps n'entraine absolument pas d'overdose, bien au contraire, on en redemande … Cela fait maintenant jours que je suis complétement immergée dans ces incroyables petits contemporains et je pense que je ne m'en lasserai jamais. Malheureusement, il ne m'en reste plus qu'un à lire parmi ceux que j'ai trouvé à la bibliothèque municipale, il va donc falloir que je sorte de ce petit monde de douceur et de tendresse formé par ces petits romans riches en émotions …

Depuis l'accident de voiture qui a couté la vie à leur père, Agathe, quatorze ans, veille comme elle peut sur son petit frère. Jules, six ans, est plongé dans un mutisme de plus en plus inquiétant et ne semble plus capable de courir : ses bras et ses jambes s'agitent sans qu'il ne parvienne à coordonner ses mouvements, et il finit inévitablement par s'effondrer brutalement au sol. Désemparée, elle ne sait pas quoi faire pour l'aider à retrouver gout à la vie … Et cela d'autant plus qu'elle vit dans l'angoisse permanente de croiser Julien et sa bande, véritables terreurs du collège qui semblent l'avoir pris comme cible privilégiée. Heureusement, il y a Thomas, dont le coeur semble lui aussi alourdi par la tristesse, et dont la simple présence suffit à l'apaiser … Et il y a Cornelia, leur nouvelle pédopsychiatre, qui semble bien décidée à faire sortir Jules de son terrifiant silence …

Une fois de plus, Pierre Bottero a su trouver les mots justes pour aborder une thématique très sensible : la mort d'un parent. Si Agathe se remet progressivement de cette terrible perte, malgré les cauchemars qui la hantent chaque nuit, son petit frère semble au contraire s'enfoncer toujours plus profondément dans son désespoir. Il ne prononce désormais plus que deux mots, toujours la même question : « On court ? ». Car voilà l'obsession du petit garçon : réussir à courir à nouveau, sans ressembler à un pantin complétement désarticulé, sans perdre continuellement son équilibre. On ressent la frustration de Jules et le désarroi d'Agathe qui n'en peut plus d'espérer un miracle : elle supporte de moins en moins les regards étonnés, compatissants ou goguenards des passants ou des camarades de classe. Car voici la seconde grande thématique de cet ouvrage : le harcèlement scolaire. Entre Jules qui subit les moqueries de ses camarades à chaque fois qu'il tente de s'élancer, et Agathe qui vit dans l'angoisse perpétuelle de croiser le brutal Julien, le sujet, bien que secondaire, est bien présent dans ce roman.

Malgré tout, cette histoire est loin d'être morose, triste, déprimante. Bien au contraire. Dès le début, le côté dramatique induit par le blocage psychologique du petit Jules et l'attitude menaçante de Julien à l'égard d'Agathe est contrebalancé par la force de l'amour qui unit le frère et la soeur. C'est tellement beau, cette complicité, cette tendresse, que cela met du baume au coeur. Ils sont tellement mignons, ces deux-là, tellement attachants, c'est vraiment adorable ! On le sent bien : ce lien fraternel va avoir son rôle à jouer dans la guérison de Jules, car Agathe est finalement celle qui connait et comprend le mieux le petit garçon … Mais, seule, la jeune fille ne peut rien pour son frère : elle a également besoin de soutien. Et ce soutien va lui être apporté par trois personnes : monsieur Ali, un grand ami de son père dont la bonne humeur est un rayon de soleil dans la morne vie des deux enfants, Thomas, un de ses camarades de classe avec qui elle se découvre de nombreux points communs et qui semble prêt à se battre pour elle, et Cornelia, leur nouvelle pédopsychiatre, qui semble avoir une idée révolutionnaire derrière la tête … L'union fait la force, n'est-ce pas ?

En bref, le doute n'est pas permis : le coup de coeur est bel et bien là. En moins de deux-cent pages, Bottero a réussi à me faire rire et pleurer, mais surtout, il a réussi à me faire me sentir bien. Parce qu'on a tous, au fond de notre coeur, des lourdeurs, des poids qui nous empêche d'avancer, et que ce livre, étonnamment, parvient à les alléger. Ode à l'amitié, ode à l'amour fraternel, plaidoyer contre la violence, contre le découragement, ce livre invite le lecteur à ne pas s'enfermer sur lui-même mais à s'ouvrir à autrui pour trouver du soutien. Des personnages intéressants, une intrigue captivante malgré la simplicité du récit raconté, une plume incroyable qui fait naitre des cascades d'émotions dans le coeur du lecteur … C'est une vraie leçon de vie que nous apporte ce livre, sans en avoir l'air. Mention particulière à l'épilogue, qui donne la parole à tous les personnages, même au plus inattendu … Sans le moindre doute, je décerne à ce livre le statut de « livre-doudou-à-lire-quand-on-ne-se-sent-pas-bien » !
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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