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Critique de Apikrus


L'avant-propos de l'ouvrage est très accrocheur.
Ces quatre premières pages racontent le meurtre du Prince Louis Rwagasore, le 13 octobre 1961 au Burundi : « Une mort d'un homme de bien qui n'était qu'un prélude. Des millions de morts qu'il n'était plus là pour empêcher. »

La suite de ce « récit historique » est déroulée de manière chronologique, avec, en fin d'ouvrage, un rappel des dates importantes et des cartes très utiles.

L'auteur raconte l'Histoire récente des peuples Tutsi et Hutu de manière journalistique et très pédagogique.
Le récit ne se limite pas aux atrocité commises par des Hutus et par des Tutsis. Il explique aussi la genèse de leurs oppositions, et décrit les comportements de la communauté internationale.
Les territoires des actuels Burundi et Rwanda furent une colonie allemande de 1896 à 1916, puis belge jusqu'aux indépendances du 1er juillet 1962. Ailleurs, la décolonisation s'est effectuée en traçant des frontières qui ne reflétaient ni la culture, ni l'histoire, ni la composition ethnique des territoires qu'elles délimitaient.
Dans la région des Grands Lacs, les colons belges avaient institué un apartheid entre Tutsis et Hutus, appuyant leur gouvernance coloniale sur des élites locales maintenues en place mais aux pouvoirs limités, et favorisant les Tutsis au détriment des Hutus (au nom d'une prétendue supériorité raciale). En 1962, le Burundi et le Rwanda indépendants ont été constitués sur ces fondations fragiles : deux pays majoritairement « Hutus », le premier dirigé par des Tutsis et le second par des Hutus. La suite : coups d'Etats et élections tronquées/truquées permettent l'instauration de régimes autoritaires pendant des années, chaque chef d'Etat privilégiant l'ethnie dont il est issu ou celle qui le servira le mieux.
Guerres civiles et génocides deviennent des instruments de conquête du pouvoir, ou des dégâts collatéraux. Il en est de même du soutien aux rebelles qui sévissent dans le pays voisin. Les tensions entre Etats s'ajoutent aux tensions entre ethnies dans chaque pays.
Après 2003, alors que le Burundi et le Rwanda restent tous deux majoritairement peuplés de Hutus, le pouvoir y est respectivement exercé par un Hutu (Nkuruzinza) et un Tutsi (Paul Kagamé), à l'inverse de la situation de 1962.

L'auteur met également en évidence dans cet ouvrage des spécificités africaines. Parmi elles, le goût prononcé de dirigeants africains pour des constructions pharaoniques, de la cathédrale de Yamoussoukro en Côte d'Ivoire (Houphouet Boigny), à la copie de l'Alhambra au Soudan, en passant par des églises et un stade de foot au Burundi. Il faut dire qu'en 2013 Pierre Nkuruzinza, président de ce pays, a marqué un tiers des buts de l'Alléluia Social Club (39 buts en 28 matchs) malgré ses cinquante ans dépassés, et a été désigné comme "meilleur joueur de l'année" au Burundi ! De fait il a été plus efficace que les gardiens de buts des équipes adverses, étrangement paralysés face à cet attaquant de choc…

Un excellent ouvrage sur un conflit important de ces dernières décennies.
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