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Critique de BurjBabil


Soyons honnête, cet Allan Dulles n'était pour moi qu'un nom croisé ici et là sans même que je m'en aperçoive, ne détecte sa redondance historique.
Pourtant, quelle influence énorme cet homme a pu avoir en des moments cruciaux de l'histoire des États-Unis au vingtième siècle et, partant de là, de l'histoire mondiale.
Pour faire simple, il a été le maître d'oeuvre de la main mise par les services étasuniens sur quasiment tous les évènements importants sur la scène internationale en organisant la Central Intelligence Agency.
Ce livre brosse le portrait de ce personnage hors du commun, monstrueux à certains égards mais tellement efficace à d'autres.
La première partie du livre plonge dans cette histoire de l'émergence de la CIA et est franchement géniale : un peu d'uchronie ? que serait-il arrivé si Lénine n'avait pas été refoulé de la représentation étasunienne en Suisse par Dulles alors qu'il souhaitait émigrer ? La révolution d'octobre aurait-elle eu lieu ?
La proximité des États-Unis, la tolérance envers tout ce qui draine matière première et fiance est crûment relevé par l'auteur ;
« Rien n'y fait : imperturbable, afin de protéger le monde contre la peste bolchevique, le très presbytérien John Foster Dulles continue à défendre un régime nazi dont les crimes ne sont même plus dissimulés au public. Dans son esprit, anticommunisme et liberté des affaires sont des valeurs primordiales à défendre. Tant que le régime hitlérien portera ces principes, il le soutiendra ! »
Le livre dresse symétriquement le portrait d'un jeune politicien que l'Histoire occidentale considère comme un modèle de « coolitude » : M. J.F. Kennedy.
Ce n'est pas à l'avantage de ce dernier qui est décrit comme un arriviste forcené et un malade sexuel.
« Il est étrange que ces deux hommes n'aient jamais su s'entendre… Certes, ils avaient des différences. L'un était démocrate, l'autre républicain. L'un était jeune, l'autre moins. L'un était catholique, l'autre presbytérien. Mais à part ces détails, ils se ressemblaient tellement ! Bien des choses auraient pu les rapprocher. Les femmes, par exemple ; si tant est que l'on puisse appeler les femmes des « choses »
L'auteur expose dans la deuxième partie du livre ce qui serait appelé aujourd'hui par leurs contempteurs (essentiellement les médias aux mains de ceux qui les fomentent) les complots ourdis par Dulles et la CIA en général ; Jacobo Árbenz Guzmán au Guatemala, Mohammad Mossadegh en Iran...
Si vous n'êtes pas complotiste, ce livre vous paraîtra une élucubration. Si par contre vous pensez que les grandes nations impérialistes, Grande Bretagne et États-Unis en tête se dotent de services dont le but est notamment d'en produire, alors vous apprécierez cette piqûre de rappel de la réalité de ce qui sous-tend la politique internationale.
« La liberté et l'indépendance des peuples, quelle vaste foutaise ! Quelle importance ? Ce qui compte, c'est le pétrole, les minerais, les dollars, et la lutte contre les communistes ! Pour défendre ces vraies valeurs, depuis qu'il a pris la tête de la CIA, liberté et indépendance des peuples ont souffert maintes violences américaines »
Enfin la dernière partie, l'affrontement entre les deux hommes, dont les bases sont donc posées, commence avec l'élection à la présidence des États-Unis du sénateur malade du Massachusetts et le fameux débarquement raté de la baie des cochons. Assassinat, commission Warren ...
Un livre ouvertement polémique assez bien écrit qui se lit comme un roman.
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