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Critique de Woland


The Book With No Name
Traducteur : Dinhiz Galhos


ISBN : 9782253158356


Je place "Le Livre Sans Nom" dans la catégorie Epouvante tout simplement parce que se promènent là-dedans des espèces d'immortels (je ne vous révèlerai pas leurs noms) plus ou moins doublés de vampires. A part ces très légers détails, ce roman pourrait aussi bien figurer parmi les thrillers ou encore les romans d'aventure. En outre, il comblera de ravissement n'importe quel authentique cinéphile, celui qui aime les chefs-d'oeuvre ET les séries B et se délecte parfois de séries Z, les vrais, les bons "nanars" du temps jadis, ceux qui sont capables de s'écrouler de rire devant une réplique comme "Il ne faut jamais jeter de chips à son chauffeur si l'on ne veut pas qu'il arrive des trucs d'horreur." (Celle-là, je l'ai entendue dans "L'Antre de la Folie" et je puis vous dire qu'elle est cultissime, l'équivalent américain de Michel Simon disant à Françoise Rosay dans l'immortel "Drôle de Drame" de Carné : "Quand on raconte des histoires horribles, les histoires horribles finissent par arriver." Que voulez-vous, ce genre de réponses, ça me met toujours en joie ! ;o))

"Le Livre Sans Nom" pourrait se définir sans trop de peine comme un kaléidoscope où le noir cesse de ne pas être une couleur aussi bien que comme une sorte de Boîte de Pandore pour l'amateur de curiosités littéraires, doublé d'un amoureux du cinéma et des répliques "cultes" (parfois complètement idiotes, je vous l'accorde et après ? Ca vous gêne, peut-être ? ). Vous y mettez le nez et, au début, dans la petite ville de Santa-Mondega (USA), en entrant dans le bar de Sanchez, établissement qui répond au nom - pour beaucoup d'entre vous évocateur de laitages consommés dans l'enfance - du "Tapioca", vous vous demandez si, par hasard, l'auteur (anonyme, le lâche ! ), le traducteur et l'éditeur ne se sont pas foutus de vous. Et puis, au bout de deux ou trois pages, vous devenez tout rouge de honte en évoquant ces si brèves mais si injustes pensées et vous continuez. Coûte que coûte, il vous faut savoir à quoi rime ce truc bizarroïde, bâti dans le roc et pourtant complètement déjanté.

Evidemment, tout le monde n'appréciera pas - de toutes façons, il faut de tout pour faire le monde, donc, ne culpabilisez pas et sachez que, à la mode du jour, nous vous pardonnons votre incompréhension. ;o) . C'est de l'humour noir et en même temps, innocent (parfaitement, innocent ! Ne me demandez pas de m'expliquer plus clairement : je ne saurais le faire. Peut-être lors d'une relecture. Peut-être et je ne promets rien. ), des descriptions sanguinolentes qui vous évoquent à la fois les pires films gore de votre DVDthèque ... et Tex Avery, ce roi incontesté du dessin animé loufoque, une fête de la Lune qui ressemble bougrement au Halloween classique (d'ailleurs, tout le monde se déguise : les "bons", les "méchants", les "mi-bons, mi-mauvais", les "faux-jetons", ceux qui jouent déjà un rôle et qu'on ne soupçonne pas, les patrons de bars, leurs employés, les tueurs à gages, les moines, les chefs de gangs, les clochards, les vampires ... Tout le monde sauf, il me semble, les flics et le Bourbon Kid.), des centaines de balles tirées sur un seul corps qui n'en meurt pas pour autant mais se contente de tomber dans le coma, deux massacres indescriptibles à cinq ans de distance l'un de l'autre (il faut bien souffler un peu), une mystérieuse pierre bleue qui, en soi, n'a pas grande valeur mais qui serait capable au choix de rendre immortel celui qui la détient ou encore de faire s'arrêter la lune lors d'une éclipse, de telle manière qu'elle rejetterait dans les ténèbres éternelles toute une partie de la terre, dont Santa-Mondega, un mystérieux livre qui n'a absolument aucun nom mais dont meurent, d'une vilaine mort, tous ceux qui le lisent, et une atmosphère qui mêlent inextricablement le film d'horreur, l'intrigue policière, le roman d'aventures (je le répète) et le loufoque le plus débridé - les amateurs penseront aussi sans doute, de temps à autre, au "western spaghetti".

Ne croyez pas pour autant que la chose soit mal écrite. Au contraire. Au-delà la traduction, on sent bien que le (ou les) auteur(s) s'y connaissent et s'amusent comme de petits fous à décocher des clins-d'oeil essentiellement cinématographiques à tout-va. Loufoque, oui mais cohérent, toujours. Même dans les dernières pages, moi qui croyais courir à la déception, j'ai découvert une "chute" - et même une "double-chute" - digne de ce nom qui m'a donné envie d'en savoir vraiment plus long sur la "Tétralogie du Bourbon Kid" car la série comporte quatre volumes : "Le Livre sans nom - L'Oeil de la Lune - le Cimetière du Diable - le Livre de la Mort." La question que je me pose, c'est surtout : l'auteur, quel qu'il soit, parviendra-t-il à soutenir jusqu'au bout le rythme ce rythme d'enfer, mélange difficile à croire de simplicité, de virtuosité et de ruse ?

En tous cas, je l'espère et je vous tiens au courant.

... Ah ! oui ! L'intrigue ? ... Alors, comment vous dire ... Au centre, il y a un type encapuchonné, qu'on appelle le "Bourbon Kid" parce que, la dernière fois qu'il est entré au "Tapioca", il y a cinq ans, il a commandé un verre de bourbon et après ça, il s'est mis à tirer dans tous les sens. Dans le bar, à l'extérieur du bar, aux alentours de la ville - partout. Et puis, il s'est évanoui dans la nature, avec son capuchon et ses flingues. Depuis lors, la petite ville de Santa Mondega a repris son train-train - assez animé, il faut bien l'admettre. Mais voilà que se pointent une fois de plus - tout à fait comme cinq ans plus tôt, un peu avant l'arrivée du "Bourbon Kid" - deux moines de l'Île d'Hubal, Kyle et Peto, des novices vraiment sympas quoique redoutables aux arts martiaux. Ils sont à la recherche de l'"Oeil de la Lune", la fameuse pierre bleue qui, depuis on ne sait combien de temps, est la propriété pleine et entière de leur monastère et qui vient de s'y faire voler on ne sait trop par qui. Cet "Oeil", d'ailleurs, il ne semble avoir personne à Santa Mondega qui ne soit à sa recherche. Beaucoup y perdront la vie, dont le stupide et répugnant Marcus la Fouine, pickpocket patenté qui a cru faire une bonne affaire et qui se retrouve ...

Mieux vaut que je ne vous dise pas dans quel état il se retrouve. Mais c'est là qu'on comprend très nettement - mais trop tard pour Marcus la Fouine - que bien mal acquis ne profite jamais.

En plus de l'"Oeil de la Lune", un certain livre sans titre se promène un peu partout, semant à peu près autant de désordre que la pierre bleue. Et, cerise sur le gâteau, un agent spécial des forces de police, Miles Jensen, est dépêché à Santa Mondega. Jensen est expert en affaires supra-naturelles - une sorte de Fox Mulder, si vous voulez, mais en noir et sans aucune Scully à l'horizon, ce qui est bien dommage le pauvre aura, lui aussi, une fin peu reluisante : la chance qui colle à Mulder d'épisode en épisode n'est pas avec lui. Dommage : il était courageux et sympathique. Paix à ses mânes ! Mais sachez que son immonde bourreau sera puni !

Blague à part, un livre très curieux, un petit OVNI pas mal écrit du tout, qui mélange les genres avec hardiesse mais une grande finesse et qui se laisse lire. Toutefois, si le cinéma et l'épouvante ne sont pas votre tasse de thé, si, de plus, des répliques comme "Bonjour chez vous !" ou "Madame Peel, on a besoin de nous !" (par exemple) ne vous font pas grimper au plafond, vous risquez de n'y trouver aucun charme - et de nous prendre, nous, ses laudateurs, pour de parfaits cinglés. Sinon, en principe, tout devrait rouler pour vous. Bonne lecture ! ;o)
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