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Critique de Calimero29


Dans ce roman, nous sommes en Floride, à Miami, Elizabeth Vernn, la vingtaine, nous raconte, à travers son journal intime, la lente destruction qu'a provoquée en elle, l'exhibition de son corps entre sept et douze ans lors de concours de mini-miss aux quels sa mère l'inscrivait pour gagner, ce qui ne fut le cas que la première fois. Elle se rebelle au bout de cinq ans et n'a qu'un but, se venger de ses parents, en détruisant ce corps qu'elle déteste ; elle prend quinze kilos; après un intermède où elle rencontre l'amour et où elle a retrouvé des relations apaisées avec son corps, oubliant presque sa haine à l'égard de ses parents, elle déforme à nouveau son corps par la musculation à outrance. Son corps finit par dire non sous forme d'une rupture d'anévrisme qui la rend dépendante de…. ses parents. le paroxysme de l'ironie.
Elizabeth ne se définit, dans ses rapports aux autres, qu'en terme de corps que les autres utilisent, sculptent, détruisent, exploitent, exposent. Elle en vient à se haïr, à se dégoûter et à se détruire en détruisant son corps. L'auto-destruction qu'elle s'inflige est un moyen de tenir debout, de se structurer.
Le choix d'utiliser le vecteur du journal intime permet de faire cracher au personnage tout ce qui la ronge, sans filtre. le sujet était prometteur, les thèmes évoqués intéressants (le rapport au corps, la merchandisation des enfants, l'image de soi dans le regard des autres), l'émotion aurait pu jaillir de l'enfance volée mais l'exagération du propos m'a vite lassée. le trait est parfois caricatural empêchant toute empathie à l'égard de la narratrice ; autant le roman m'a accrochée jusqu'à la rencontre d'Elizabeth avec Alec, le rasta blanc, grâce au ton sarcastique, à l'ironie mordante, autant je me suis ennuyée à partir de là : nombreuses longueurs (les expositions de photo, les séances de bodybuilding, le régime protéiné…), une image des parents uniquement à charge et un style brut qui finit par lasser.
J'ai eu l'occasion d'écouter Olivier Bourdeaut parler de son roman quelques jours après l'avoir terminé ; il a été invité par la librairie indépendante Dialogues de Brest le 1 juin 2021 ; j'ai donc souhaité attendre cette rencontre avant d'écrire cette chronique pour confronter mon ressenti au message que souhaitait délivrer l'auteur avec ce texte. On comprend mieux cette haine des parents, ce désir inextinguible de vengeance car ce sont des sentiments que l'auteur a lui-même ressentis, à l'adolescence, à l'égard de son père qui lui a imposé un avenir qu'Olivier Bourdeaut n'a pas concrétisé.
Il est à noter que le sujet de la merchandisation des enfants, de leur instrumentalisation au profit du rêve de parents, inconscients des dégâts que cela peut occasionner, est un sujet peu traité en littérature française. Un autre auteur s'est également emparée du sujet en ce début d'année ; il s'agit de Delphine de Vigan avec « Les enfants sont rois » que j'ai prévu de lire prochainement.
Heureusement que la France interdit les concours de mini-miss et a légiféré sur l'utilisation des enfants à des fins commerciales.

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