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Critique de Verteflamme


Un bref essai très agréable à lire, assez polémique, qui "fait réfléchir" (oui cette formule est clichée), qui peut se dévorer comme se lire très lentement, voire s'écouter (à l'origine il s'agissait de conférences à la télé... sur le thème de la télé. Bourdieu part justement de ce paradoxe (car il critique vivement la télé !) pour introduire son exposé.)

Dans la forme, c'est assez clair. Bourdieu n'est pas toujours accessible, mais ce texte l'est. Bourdieu a le sens de la formule (un mot de normalien, dit un sociologue sur France Culture-j'y reviendrai), lorsqu'il dit que les faits divers font diversion. Pour m'aider dans mon analyse, j'ai écouté une émission de France Culture ("Bourdieu clache le petit écran"). Et oui, c'est vrai qu'il expédie vite la question de qui possède les chaînes (quelques riches) et que son ouvrage a été écrit avant la fameuse sortie du chef de TF1 -mon métier, c'est de vendre du temps de cerveau disponible. Pour lui, c'est une question superficielle. Et c'est vrai qu'à part pour parler de l'audimat, de manière abstraite, il n'évoque pas le public - qui sont ces gens qui regardent la télé ? Pourquoi la regardent-ils ?

Cela dit, Bourdieu explique bien les enjeux de la démocratie. Il prescrit, au nom de celle-ci, de lutter contre la logique de l'audimat. Usul avait évoqué la question dans mes chers contemporains (l'épisode sur BHL). Et ce n'est pas parce qu'on est regardé des masses et qu'on est populaire (dans le sens de succès) qu'on est populaire (dans le sens d'émancipateur, d'éducation populaire). Bourdieu ne tombe cependant pas dans l'écueil de la nostalgie (ah, la télé des années 50 qui diffusait les Perses d'Eschyle...).

J'évoque la démocratie, et un concours de la Fonction Publique que je prépare (en culture générale) pose le sujet : "Les médias", avantage ou inconvénient (l'intitulé le formule autrement) "pour la démocratie" ? C'est un enjeu essentiel, et plus encore aujourd'hui.
Alors voilà. On n'est plus dans les années 1990, et la télé a changé, et Internet est devenu un média de masse. Bourdieu n'évoquait pas la téléréalité. Mais j'ai l'impression que la situation s'est empirée.

Ce que j'apprécie, quoi qu'il en soit, c'est que Bourdieu, sans dire qu'une culture "bourgeoise" par opposition à une culture commerciale est intrinsèquement bonne, ne tombe pas dans la démarche anti intellectuelle de dire "oui mais au fond c'est pas si grave d'aimer regarder le Foot, le JT et les émissions débiles". Au contraire, je pense (et c'est polémique) que vouloir étendre la culture de la bourgeoisie (de haut capital culturel) à tout le monde, et donc au prolétaires, c'est un geste antiélitiste par excellence. Au risque de projeter mes idées sur ce petit livre rouge (désolée Bourdieu), on peut vouloir l'émancipation de tous et toutes sans être démago. Les gens valent mieux que ça.
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