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Critique de SZRAMOWO


Somme-nous comptables des promesses et des rêves que nous avions enfant, lorsque l'adulte que nous sommes devenus les a passées par pertes et profits.
Un livre crû. Sans fard et sans concessions.
Devenu adulte, le narrateur souffre de l'absence de cet adulte trentenaire qui l'avait pris sous son aile alors qu'il n'avait que onze ans. A tel point qu'il éprouve le besoin de se confier à son chaman (nom dont il baptise son psychanalyste) au cours de séances qui sont l'occasion d'évoquer la personnalité controversée de cet agent d'assurance vivant avec son épouse dans la même cité que les parents, occupant le logement juste au-dessus du leur. le N° 6.
Une phrase du roman le résume, « Parce que sans doute, comme l'assassin, l'enfance revient toujours sur les lieux de son crime. »
Quelle image, enfant, avons-nous des adultes ? Nos parents sont-ils le modèle idéal de l'adulte que nous voulons devenir ? Ces adultes affairés, heureux de vivre, beaux parleurs, sûrs d'eux, fumeurs et buveurs invétérés, chasseurs, dragueurs, sont-ils une réalité ?
Ce sont les questions qu'à l'âge de onze ans se pose Frédéric. Nous sommes en 1973 et la société bascule des trente glorieuses dans l'incertitude de la crise. Elle devient moins tolérante. Accepte de moins en moins les écarts.
Le bel agent d'assurance, celui dont les voisins disent c'est un vrai mec et dont la femme est une icone blonde, y survivra-t-il ?
C'est que Frédéric ne saura jamais. Quand les flics embarque l'homme, il sortira de sa vie et n'en entendra plus parler. Des années plus tard le souvenir vient le hanter lui reprochant sa trahison et son manque de courage.
Il comprendra « (…) confusément que nous n'avions sans doute pas a faire dans la vie que notre seule volonté, mais que d'autres volontés nous guidaient en bien ou en mal. »
Et si ? semble dire en permanence Frédéric. Cette question finira par l'envahir jusqu'à l'empêcher de vivre.
Il pose ainsi la question de l'éducation. Education des maîtres, des parents, des curés, de tout ce qui peut s'assimiler à une autorité contre éducation sauvage et spontanée, sans freins, que lui propose son ami. Périples en automobile dans la nuit, chasse, liberté totale, remise en cause des normes imposées.
Images sans illusions de l'enfance et de la vie adulte, qui éclairent d'une lumière crue la vision que chacun enfant et adulte porte sur l'autre.
Je n'ai jamais rien lu, d'aussi beau, d'aussi poignant, d'aussi cruel, d'aussi juste sur le sujet.
« Après avoir mené une de ces vies lisses et impeccablement rangées qu'on imagine encore enfant en regardant autour de soi les adultes se lever le matin pour arpenter plus ou moins courageusement les trottoirs de la vie, et sans douter encore des souffrances, des délires, de la déglingue, des cahots et des échecs cuisants que cache cette image enfantine de la vie adulte. (..) tandis que tous paraissent avancer sur la petite voie nue qu'ils tracent devant eux sans y croire jamais tout à fait.»
A lire





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