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Critique de kadeline


Egalie est une ville dont le fonctionnement a un petit côté ère victorienne mais où les rôles sont complètement inversés. Les femmes gouvernent et travaillent. Les hommes s'occupent des enfants et préparent le bal des débutants. On découvre le fonctionnement et le quotidien d'Egalie via le regard de Pétronius, un adolescent de 15 ans qui va prendre conscience de son statut d'homme en devenir. Il commence à douter du leitmotiv qu'on leur serine depuis toujours : vous êtes chanceux d'être dans une société si égalitaire. Petronius veut être marine-pêcheuse mais son rôle est déjà décidé, comme tous les garsons, il devra faire des enfants et s'en occuper.
Ce roman commence avec une scène typique de la puberté qui fait jaser toutes les connaissances. Tout le monde fait remarquer à Pétronius qu'il faudrait enfin penser à son 1er soutien-verge, faire attention à l'hygiène, à ses poils et être décent. Passé cette scène frappante qui fait si bien écho à la pression encore subit par les jeunes femmes, le roman se focalise sur le quotidien banal de Pétronius et le début d'une rébellion. Ce train-train inversé permet d'illustrer un panel impressionnant de situations qui casse le mythe de la société égalitaire. du côté des hommes, on découvre par exemple le bal des débutants où les garsons sont traités comme des bouts de viande, les dragues lourdes, les métiers non accessibles « aux plus faibles », les relations toxiques et même les viols conjugaux ou non. du côté des femmes, on retrouve les clubs pour femmes où on joue et boit, les débats politiques orienté en faveur des femmes, le côté prédatrice agissant en toute impunité, le pouvoir de décider ce qui est ouvert ou non aux hommes mais aussi ce qui est décent ou non. Inversé les codes pour mettre en exergue des injustices est un exercice risqué qui demande beaucoup de finesse. L'équilibre trouvé par l'autrice permet un ton très juste sans tomber dans une virulence qui pourrait braquer une partie du lectorat.
Qui dit rôles complètement inversés, dit langage courant lui aussi inversé. Il y a un travail de linguistique, grammaire, conjugaison et dans notre cas de traduction impressionnant par sa finesse. Aucun détail n'a été oublié, le féminin l'emporte, le neutre est un mot féminin, les expressions sont aussi féminisées par exemple courir plusieurs hases au lieu de lièvres. Les noms de lieux et de personnage ne sont pas en reste et souvent lié au corps ou au sexe en générale : mamelon, rut, brame, phallustrie…
Les filles d'Egalie est une satire avec des aspects parodiques. La critique de la société fonctionne car les sujets même d'apparence légère sont traités en allant au fond des choses. Les filles d'Egalie a été publié pour la première fois en 1977 en norvégien. le concept était précurseur et a été régulièrement abordé depuis. Sa traduction tardive peut donner un sentiment de déjà-vu et il semble dommage que ce fait puisse desservir cette oeuvre dont l'ironie et la finesse mérite d'être mis en avant.
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