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Critique de Tandarica


L'auteur présente le défaut d'appartenir à cette catégorie de nationalistes pro-allemands très majoritaires à l'époque de la parution de l'ouvrage (1943). Qu'à cela ne tienne, on trouve tout de même ici une bonne démarche d'historien. Ce n'est pas vraiment mon domaine de prédilection, mais centenaire de la création de l'État roumain oblige, je vous fais part, si vous voulez bien, de quelques éléments sur ce livre rare, parmi les livres (hélas tout aussi rares) sur l'Histoire de la Roumanie.
L'auteur organise ses idées en trois parties intitulées respectivement "éléments de l'unité", "instinct de l'unité" et "conscience de l'unité". L'auteur est "ethnocentrique", à outrance presque, et sa lutte pour faire reconnaître la théorie de la continuité daco-romaine, devient un vrai parti pris. le lecteur retiendra cependant les propos de Mihail Kogalniceanu, lui aussi Roumain, qui déclarait en 1843 : "Seules les nations en faillite parlent tout le temps de leurs ancêtres, comme des aristocrates déchus. Que nous descendions d'Hercule, si nous sommes misérables le monde nous tiendra quand même pour misérables" (p. 208)
Les chapitres où l'auteur traite des mouvements nationaux du XIXe siècle sont, à mon sens, les plus intéressants. Bratianu fait un parallèle entre les développements nationaux roumains, allemand et italien : la Roumanie est une Prusse, un Piémont à l'Est de l'Europe ; elle se prépare à réunir sous sa propre direction les territoires qu'elle revendique. Dans la dernière phase de l'évolution politique, les dates coïncident même à peu près : l'unité roumaine est née en 1919, unité allemande, sous le troisième Reich. L'auteur va même plus loin et cherche à expliquer les problèmes fondamentaux de son pays en exposant les relations historiques de la Roumanie avec l'Allemagne, la Russie, la Hongrie et d'autres pays. Mais son erreur est de formuler les revendications territoriales et impérialistes sous leur forme la plus attrayante, qui essaient de les présenter comme des facteurs de civilisation, des gages de paix et du pouvoir des Grandes Puissances, ou bien des idéaux populaires. On peut citer ici la contribution du poète national Mihai Eminescu : "le 1er juillet 1883 paraissait dans les Convobiri Literare [Entretiens littéraires] la célèbre "Doina" d'Eminesco, balade écrite en vers d'un rythme populaire, qui montrait le peuple roumain opprimé et exploité par les étrangers de toutes races et de toutes nationalités :" du Dniestr à la Theiss, de Hotin à la mer, de Boïan à Vatra Doinei, de Sătmar à Săcele". Il suffit de reporter sur une carte les noms de ses fleuves et de ces lieux pour se rendre compte que le poète embrassait tout l'espace habité par les Roumains du Nord du Danube. L'imprécation qui achève le poème et l'appel à l'ombre d'Étienne le Grand, de laisser aux moines le soin du monastère et des clochers et de chasser l'engeance étrangère du sol des ancêtres, exprime en accents inoubliables la volonté de toute la nation, tendue vers la liberté et l'unité."
En somme, selon D. Kosáry, "quelle que soit la forme que l'on donne à ces revendications, qu'on parle "d'espace de sécurité" ou d'autre chose, cela n'a pas d'importance si l'on songe qu'il est impossible de les satisfaire toutes à la fois. Il est bien difficile de faire une différence entre ces divers nationalismes danubiens et leur droit à la vie. On doit reconnaître que tous sont arrivés à l'âge adulte et que les plus jeunes ont rejoint leurs aînés."
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