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Critique de belette2911


"Donnybrook" de Franck Bill était sombre et pas pour les enfants… Ce roman mériterait lui aussi un bandeau-titre "À ne pas mettre dans toutes les mains – Âmes sensibles, cassez-vous !"

Pourtant, au départ, on ne dirait pas que l'on va plonger dans l'horreur.

Déjà, le titre, est à chier (merci les traducteurs "Prodigal blues" méritait mieux que ce titre). Quant à la couverture, elle deviendra magnifique lorsqu'elle prendra tout son sens un peu plus tard dans le récit…

Mark Sieber, agent d'entretien dans un lycée, casse la gueule d'un ado à cause d'une blague d'un mauvais goût. Ok, elle était d'un goût douteux, mais de là à lui massacrer sa gueule ! Sa femme ne le reconnait plus depuis qu'il est revenu du Kansas, il y a quelques jours. Qu'est-ce qui s'est passé, là-bas durant ces quelques jours ??

Alors quoi ? Mark va alors lui raconter toute l'histoire qu'il a vécu…

Tout à commencé quand il revenait de chez sa mère, décédée.

Sur l'autoroute, la voiture prêtée par son beauf tombe en panne, il se fait dépanner, sourit de voir passer plusieurs fois un Minibus Volkswagen argenté tirant une Airstream argentée elle aussi. S'il avait su…

Mark n'a rien d'un héros, pourtant, il a été choisi par 4 enfants pour mener à bien une mission… Les ramener chez leurs parents, eux qui ont disparu depuis des années, séquestrés qu'ils étaient par un pédophile. Une mission importante dont Mark ressortira ébranlé, cassé, laminé, lessivé et en larmes. le lecteur aussi.

Voilà un roman noir qui vous prendra aux tripes – si vous en avez au départ – et qui vous laissera les tripes vidées ou nouées à la fin.

Sans jamais sombrer dans le pathos ou dans les descriptions horribles et gratuites, l'auteur nous racontera, au travers de ces quatre enfants, les supplices et le calvaire qu'ils ont vécu durant leur captivité chez Grendel, leur tortionnaire pédophile.

Pour la première scène vidéo, je me doutais que j'allais lire des choses horribles – tout comme Mark se doutait qu'il allait les voir – et j'ai pu blinder mon esprit.

Mais ensuite, je ne me suis pas méfiée et j'ai morflé grave. "Respire, me suis-je dit, ne pense plus à rien, faisons le vide dans mon esprit et"… Non, pas moyen de faire sortir les images de ma tête.

Les enfants ne demandent pas la pitié de Mark, mais juste son aide… La pitié ne servirait à rien : admirons plutôt leur courage et pleurons avec eux les imbécilités de la vie et sur la pâte à modeler (ceux qui l'ont lu comprendront).

La pâte à modeler qui sera la cause d'un grand malheur, mais d'une délivrance aussi. À quoi la vie tient, tout de même.

Un roman sombre, mais prenant, une écriture mêlant adroitement les moments les plus horribles, les plus intenses, avec une note d'humour, qui, croyez-moi, est souvent la bienvenue !

Des personnages tellement attachants qu'on voudrait ne jamais quitter le Minibus Volkswagen. Des enfants déjà si adultes, mais toujours des enfants tout de même, se taquinant, se chamaillant, veillant l'un sur l'autre.

Un méchant – Grendel – qui est présent psychologiquement, son ombre maléfique planant sur le Minibus. Un homme que l'on ne voudrait pas croiser la route. Si semblable à tant d'autres pédophiles sur terre qui sèment le malheur chez les enfants. Bien que lui sois d'un niveau assez élevé point de vue tortures et sadisme.

Ah, qu'il serait agréable de mettre les pédophiles, les prédateurs sexuels, les grands sadiques ou les serial-killer dans la catégorie "Monstres"…

Pourtant, ce sont des humains comme nous. Et c'est là que le bât blesse dans notre conscience : l'idée qu'ils fassent partie de la même espèce que nous ne nous enchante guère. Mais faire d'eux des "monstres" leur donnerait des excuses et nous rassurerait un peu trop sur le genre humain.

Alors, n'oublions jamais que se sont des êtres humains comme nous et qu'ils sont capables de commettre les pires atrocités. Et ça, ça donne vraiment des sueurs froides.

Si vous avez des tripes, ouvrez ce roman et lisez-le…

Une fois dedans, on ne le lâche plus, on frémit avec eux, on hurle avec eux, on pleure et en n'en ressort pas le même car, même si ceci est une fiction, ces abominations se passent dans le monde réel et ça fait mal.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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