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Critique de jamiK


jamiK
29 décembre 2018
Emile Bravo prend le risque de ramener le personnage de Spirou à ses débuts, de revenir sur la première rencontre avec Fantasio. Je dois avouer que vu comme ça au premier abord, cela peut paraître présomptueux de s'accaparer le passé de tels personnages et je suis très critique vis à vis des séries Kid Lucky, le Petit Spirou et de toute reprise revenant sur le passé de personnages emblématiques de la bande dessinée. Et bien cette fois-ci, j'ai été bluffé. Tout d'abord, au niveau du graphisme, le trait à un air rétro, Emile Bravo fait plus référence à Rob Vel ou Jijé qu'à l'incontournable Franquin. C'est un prise de risque certaine mais totalement réussie. le grain, la colorisation, le trait au pinceau, tout y est pour accentuer ce côté années 30-40.
Mais c'est surtout au niveau de la situation socio-politique qu'Emile Bravo va se lancer un véritable défi. On est en 1938 à Bruxelles, les tensions en Europe sont au paroxysme, et dans l'Hôtel où travaille Spirou, des tractations secrètes entre la Pologne et l'Allemagne semble être en jeu. Ramener Spirou à ses débuts est surtout un prétexte pour bâtir une véritable intrigue politique, contre la guerre. Il arrive à nous faire trembler, rire, on est ému par les tergiversation amoureuses, angoissé par la guerre qui se prépare et on rit des facéties de Spip, de Fantasio (un grand moment quand Fantasio arrive annoncer son scoop à la rédaction de son journal !), et le personnage de Spirou, toujours espiègle et malin se dévoile touchant sous un personnage naïf quand il s'agit de politique ou d'amour. L'histoire, sous un vernis burlesque et humoristique est en réalité grave et tragique.
J'ai parfois l'impression que lorsque les auteurs s'attaquent à la corde sensible des lecteurs déclenchant chez eux une petite larme avec les héros de leur jeunesse, cela déclenche une volée de bois vert, comme s'ils leur reprochaient de les avoir touché à leur insu et accusent les auteurs de blasphème, de dénaturer leurs idoles. C'est comme s'il avaient honte d'avoir une boule au fond de la gorge à la fin de leur lecture. Personnellement, je trouve qu'au contraire, c'est une audace qu'il faut applaudir. Emile Bravo nous rend Spirou encore plus sympathique et ne le dénature absolument pas, il ouvre une voie très intéressante sur l'exploitation de ces héros pour aller bien au delà du simple divertissement. Cette histoire est bien écrite, avec des personnages complexes et très intéressants, une intrigue qui ne peut laisser indifférent, une thématique forte, une manière intelligente de parler de la guerre, une vision de la Belgique en 1938 édifiante, et tout ça de façon passionnante, haletante et souvent drôle. Pour moi, c'est un beau coup de coeur.
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