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Critique de boudicca


États-Unis. Années 1930. Si l'esclavage a officiellement été aboli depuis des années, dans les faits, les Noirs résidents dans les états du sud de l'Amérique ne sont pas traités beaucoup mieux que leurs ancêtres en raison du régime de ségrégation raciale mis en place par les élites blanches locales. Les Noirs se voient ainsi interdire d'utiliser les mêmes transports ou les mêmes lieux d'aisance que les Blancs ; ils sont payés une misère pour un travail harassant auquel ils doivent se plier sous peine de subir le fouet... A cela s'ajoute la terreur que fait régner au sein des populations noires le Ku Klux Klan, société secrète fondée après la Guerre de sécession dans les états du sud afin de promouvoir la suprématie de la race blanche et de terroriser les noirs un peu trop revendicateurs à leur goût. Cachés sous un large manteau blanc qui les fait paraître tels des fantômes, les membres du Ku Klux Klan agissent en toute impunité, personne ne connaissant leur véritable identité et la plupart faisant de toute façon partie des autorités chargées de faire respecter la loi... C'est dans ce contexte que l'on découvre l'histoire de Doug Wiston, un jeune noir révolté par les injustices dont il est témoin et qui va devoir trouver un exutoire à sa violence.

Outre l'aspect historique bien détaillé qui donne au lecteur une idée assez précise des conditions de vie extrêmement difficiles des Noirs sur le territoire américain au début du XXe siècle, le plus gros point fort de cette bande dessinée est à chercher du côté des graphismes de René Follet, tous en noirs et blancs mais d'une telle précision que l'on croirait parfois avoir affaire à une photographie plus qu'à un dessin. Les expressions faciales très travaillées mettent notamment bien en valeur les sentiments des personnages, à commencer par la colère de ce jeune noir qui assiste, impuissant, aux exactions du Ku Klux Klan et à l'humiliation de son père. Comment, devant pareille situation, ne pas être tenté de sombrer dans la haine et de répondre à la violence par la violence ? C'est la boxe qui va aider le jeune homme à chasser ses démons, le ring étant le seul endroit où l'on peut mettre un blanc KO et ne pas se retrouver aussitôt avec une balle dans la tête. La seconde partie de la bande dessinée est ainsi consacrée à l'ascension de Doug dans le milieu sportif sur lequel on en apprend finalement assez peu et sur lequel il aurait été intéressant que l'ouvrage s'attarde davantage.

Pascal Bresson et René Follet nous offrent avec « Plus fort que la haine » un très bel ouvrage que l'on apprécie avant tout pour la qualité de ses graphismes mais qui nous fournit également un intéressant aperçu des conditions de vie des noirs dans le sud des États-Unis dans les années 1930. Une bonne découverte.
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