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Critique de Jooh


Avant de commencer « Une lettre de vous », je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Le résumé ainsi que la présentation de l’éditeur et de Babelio étaient tentants certes, mais j’avais tout de même une certaine appréhension quant à l’histoire racontée : j’avais peur de tomber dans le cliché du livre « pour fille » comme on dit, mièvre, enrobé de bons sentiments – lisse, en somme. Mais toutes mes craintes ont été vaines, car, finalement, il n’en n’est rien, et dès la première lettre, j’ai su que j’allais aimer ce roman. C’est pourquoi je remercie d’ors et déjà grandement Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cette belle découverte.

Concernant l’intrigue, tout d’abord ; tout part de l’audace d’un jeune étudiant américain, qui écrit une lettre « de fan » à une poétesse écossaise. De là va naître une relation épistolaire sublime, et empreinte de mystère, le tout sur fond de guerre – que l’on voit à travers le regard des civils, avec notamment les rationnements, les bombardements, mais aussi directement par les soldats, revenant souvent avec des blessures mutilantes, aussi bien physiques que psychologiques. Et je ne cache pas que c’est avec plaisir que l’on suit cet échange un peu fortuit et improbable, qui se révèle vite être bien plus que cela : la poétesse rencontre enfin sa muse, la muse trouve enfin la poétesse qu’il inspire, et cette rencontre sonne comme une évidence, comme la réunion tant espérée d’un tout, séparé en deux êtres complémentaires et destinés à se rencontrer.

Je ne peux que faire le rapprochement d’ « Une lettre de vous » avec « Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » ainsi qu’avec « 84, Charing Cross Road », car outre la forme épistolaire qui est identique et même si les histoires contées sont différentes, j’ai retrouvé des sensations communes à leurs lectures – et ceci est un beau compliment, sachant que j’avais passé des moments plus qu’agréables avec ces derniers. Concernant les protagonistes, j’ai retrouvé dans ce roman la même vivacité d’esprit, l’humour, l’intelligence, le goût du partage qui m’avaient tant plu dans les deux autres livres. Et voilà à mes yeux, le parfait mélange du personnage attachant, et qu’on quitte avec regrets. L’auteure dit d’ailleurs à propos de son personnage masculin « Davey est un héros dont on peut tomber amoureuse », et il ne m’a pas fallu longtemps pour en faire l’expérience. C’est avec un réel plaisir que l’on découvre les doutes et appréhensions, mais aussi les rêves, les espoirs, les expériences d’Elspeth et Davey, et qu’on les voit peu à peu se mouvoir, prendre des décisions, évoluer – et parallèlement leur relation se transformer.

Le tout est de surcroit embelli pas l’agréable plume de Jessica Brockmole, son écriture est exceptionnellement fluide et prenante, et que de beauté dans la description des paysages écossais, dans l’évocation de la nature ! Les lettres de Davey et d’Elspeth sont de plus parsemées de références littéraires réjouissantes, et l’on s’en délecte avec beaucoup de plaisir.
J’étais déjà adepte du genre épistolaire, mais voilà que ce roman vient un peu plus affirmer mon goût pour celui-ci. Ce que j’aime avec cette forme, c’est que le lecteur peut se faire sa propre idée des personnages, l’auteur ne l’influence pas avec une description méliorative ou péjorative – qu’elle soit implicite ou explicite. De plus, j’aime également les ellipses des romans épistolaires qui nous laissent l’entière liberté d’imaginer ce qu’il s’est passé entre temps – et l’auteure nous en offre ici quelques-unes fort plaisantes.
Néanmoins, sans m’être ennuyée une seule minute à cette lecture, j’ai trouvé au milieu du roman, quelques longueurs, l’intrigue stagne un peu alors qu’on ne demande qu’à avancer et en savoir plus – mais c’est là un bien pâle et insignifiant reproche.

Bref, une très belle lecture que l’on quitte avec nostalgie et qui, j’en suis convaincue, restera dans mes meilleurs souvenirs épistolaires.
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