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Critique de Christophe_bj


La famille Grey se compose du père, curé (anglican), de la mère, et de deux filles dont Agnès, la cadette. le père fait de mauvaises affaires et se retrouve ruiné. L'aînée des filles se marie. Pour aider ses parents et ne pas leur être à charge, Agnès décide de se trouver une place de gouvernante, c'est-à-dire de préceptrice, alors qu'elle n'a aucune expérience et est encore elle-même très jeune. Par relations familiales, elle parvient à trouver cet emploi dans une famille de la riche bourgeoisie commerçante, mais il n'est pas certain qu'elle s'y épanouisse… ● On retrouve dans ce roman le beau style des soeurs d'Anne ou de Jane Austen, c'est très agréable à lire. Voici un exemple de bonheur d'écriture, qu'on trouve à foison : « j'aurais été assez à mon aise, si elle n'avait pris tant de peine pour m'y mettre. » ● C'est une dénonciation des moeurs des riches Anglais du XIXe siècle, de leur égoïsme, de leur fatuité, de leur goût des apparences, et même de leur méchanceté, voire de leur sadisme. ● La pauvre gouvernante a fort à faire avec les enfants : « si un homme civilisé était condamné à passer une douzaine d'années au milieu d'une race d'intraitables sauvages, à moins qu'il n'ait le pouvoir de les civiliser, je ne serais pas étonnée qu'à la fin de cette période il ne fut devenu quelque peu barbare lui-même. Ne pouvant donc rendre mes jeunes compagnons meilleurs, je redoutais fort qu'ils ne me rendissent pire, qu'ils n'amenassent peu à peu mes sentiments, mes habitudes, mes capacités, au niveau des leurs, sans me donner leur insouciance et leur joyeuse vivacité. » ● Mais elle a aussi beaucoup de mal avec les parents, qui la méprisent, la tiennent pour quantité négligeable, lui reprochent des défauts qu'ils inventent avec une mauvaise foi déconcertante, souhaitent qu'elle éduque leurs enfants sans lui donner aucun moyen de le faire, bien au contraire, puisqu'ils prennent toujours le parti des enfants contre celui de la gouvernante. ● On trouve de beaux portraits à charge, comme : « c'était l'oncle Robson, le frère de mistress Bloomfield ; un grand garçon plein de suffisance, aux cheveux noirs et au teint jaune comme sa soeur, avec un nez qui avait l'air de mépriser la terre, et de petits yeux gris fréquemment demi-fermés, avec un mélange de stupidité réelle et de dédain affecté pour tout ce qui l'environnait. » ● le roman a bien sûr des côtés moralisateurs et est dépourvu d'humour (contrairement à ceux de Jane Austen), et la narratrice, Agnès Grey elle-même, semble n'avoir aucun défaut. Les maximes raisonnables parsèment le récit : « on n'apprend rien sans travail et sans peine. » « Hélas ! combien l'espoir de posséder l'emporte quelquefois sur le plaisir de la possession ! » ● La richesse paraît être le plus sûr moyen de corruption de l'âme ; Agnès Grey est une véritable adepte des préceptes évangéliques tandis que tous ceux qui l'entourent, sauf sa famille, sont pénétrés d'un pharisaïsme odieux. ● L'intrigue est assez simple et linéaire, et même si on voit paraître la fin bien avant d'y être, elle n'est pas dépourvue de tension narrative faisant tourner les pages à bonne allure, mais le livre vaut surtout par son style, par son témoignage historique et, du moins à l'époque, par son contenu moral. ● J'ai trouvé fort intéressant de lire le premier roman de la moins connue des soeurs Brontë et je le recommande, d'autant qu'on peut le trouver en Kindle gratuit.
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