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Critique de nilebeh


La guerre est déclarée.

Dans cette immense montagne de détritus de tous ordres, récupérables ou non, survit une petite communauté constituée de gens rejetés de partout, détritus vivants qui luttent encore. Qualifiée de ziggurat cette montagne n'a qu'une vague ressemblance avec les lieux de culte mésopotamiens. Elle évoque aussi, paraît-il, les pyramides à degrés aztèques du Yucatan. Cette comparaison - là lui va mieux : c'est à des sacrifices humains en effet que s'exposent les habitants de la déchetterie. Car la violence règne, agressions de la part des pollueurs à la dioxyde de carbone, ceux qui entassent en douce des bidons de dioxine, ceux qui cachent derrière de sains tourteaux compactés d'autres cubes de déchets toxiques. C'est la guerre inégale, car les habitants de ce lieu de mort et de misère sont attachés à leur lieu de vie. D'ailleurs, où pourraient-ils aller ?

Les visages se croisent sans jamais vraiment se regarder encore moins s'aimer : Iac, ado parti d'un foyer inhospitalier, Lira Funesta le trop bavard, Saddam le Turc qui joue au muezzin du haut de sa ziggurat, le Vieux, clodo crasseux enroulé dans sa couverture. Et Nero, le chien mal en point réchappé par miracle des coups des pollueurs et de l'incendie de la déchetterie.

Et puis ceux qui vivent « ailleurs », Lorenzo le pompier dévoué et responsable, Sylvia, la délicate fille d'un chirurgien plasticien.

Une autre guerre est déclarée : celle du paraître, sus aux bourrelets, au gras, à la graisse saturée, résultante des excès en tous genres d'un monde repu qui élimine ses toxines en une gigantesque montagne organique où viennent se mêler restes de liposuccion et canules, aux immondices rejetés par la Ville. Là on crève d'opulence, ici on crève de manque mais tout se retrouve rassemblé dans le magma bouillonnant, vivant, malfaisant et criminel de la Chose, celle qui avale en un clin d'oeil le pollueur clandestin, l'absorbe, l'engloutit, le digère et pousse un ultime hoquet de satisfaction à la fin.

Un livre terrifiant, écrit avec drôlerie, avec cruauté, un livre caustique qui donne à réfléchir et ne concerne pas que la Lombardie. Nous sommes tous des victimes potentielles de « la Chose ».
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