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Critique de Polomarco


L'histoire d'une relation vouée à l'échec : à Milan, en 1960, Antonio, architecte de 49 ans, tombe amoureux d'une jeune prostituée de 20 ans, Laïde. Différences d'âge, de statut social et de conception de l'amour : tout concourt à faire de cette relation une glissade, un tourbillon, une descente aux enfers, un choc !
Tout commence par une révélation : "Mais ce furent surtout les cheveux noirs, longs, tombant sur les épaules, qui le frappèrent par-dessus tout" (chap. III - page 20), qui devient de l'attirance : "Il la dévorait des yeux" (chap. VIII - page 64), se transforme en attachement : "Il l'aimait pour elle-même, pour ce qu'elle représentait de féminin, de caprice, de jeunesse ... (chap. XIV - page 117), tourne à l'obsession : "Grand Dieu ! Était-il donc possible qu'il ne parvînt pas à penser à autre chose ?" (chap. XIV - page 113) et donne lieu à des pics de jalousie : "Antonio se demanda si ... C'était absurde, c'était épouvantable, c'était d'une simplicité enfantine : cette nuit peut-être, sans doute par pur caprice, Laïde l'avait fait monter dans sa chambre" (chap. XIX - page 167).
Plus il la voit, plus elle devient son objet, l'objet de son désir. Plus elle le voit, plus elle en fait l'instrument de ses fantaisies, le jouet de ses facéties : elle se joue de lui, lui demandant par exemple de nourrir son petit chien. Il comprend qu'elle se moque de lui, mais la relation strictement sexuelle a fait place, chez lui, à un vif sentiment amoureux. Bien que subissant camouflet sur camouflet, il n'arrive plus à prendre ses distances et devient prisonnier de cette relation sans issue : "Sans moi, tu n'es pas capable de vivre", lui assène-t-elle (chap. XXV - page 243).
A vouloir en savoir toujours davantage sur elle, il est entré dans sa vie; mais l'inverse n'est pas vrai : lui ne l'a pas fait entrer, ni chez lui, ni dans sa vie. Elle a fini par le faire obéir au doigt et à l'oeil, alors qu'auparavant, c'est lui qui pensait la mener à la b(r)aguette.
Malgré le caractère scabreux du sujet, le récit n'est jamais obscène, ni vulgaire. On est envoûté par cette descente aux enfers, qui lui fait rechercher sa propre jeunesse dans celle de Laïde. Loin d'avoir trouvé un sens à sa vie, Antonio s'est perdu. La folie qui finit par prendre le dessus est illustrée par des phrases parfois très longues, dépourvues de ponctuation, comme pour illustrer le foisonnement et le désordre des pensées du héros. On aimera, ou non, mais le style est expressif. Dans ce puits sans fond, on ne pourra s'empêcher de penser à la citation d'André Gide : "Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant".
(Les citations sont extraites de l'édition Livre de Poche de 10/1985).
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