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Critique de oiseaulire


Cet essai constitue une excellente entrée en matière pour aborder l'oeuvre de Saint-Simon. Et même si on ne souhaite pas lire l'auteur des mémoires, on y trouvera un portrait instructif et extrêmement plaisant du 17 ème siècle vu côté cour (de Versailles, bien entendu). Loin des fastes qu'on imagine, on découvre que la noblesse vivait prisonnière du pouvoir dans des cagibis surpeuplés, malodorants et insalubres ; que le bel esprit pour plaire devait être cruel et écorcher jusqu'au sang ; que tous les évènements de la vie étaient codifiés ; que seuls les regards pouvaient exprimer une complicité ou un ressentiment, à condition d'être brefs et de n'être vus que de leurs destinataires ; que la mort d'un proche ne devait pas modifier le cours d'une journée ; que l'amour entre mari et femme était moqué et traité de "bourgeois". On rencontre quelques personnalités d'exception, tels le duc d'Orléans, mort jeune, Rancé, les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers. En ce siècle religieux, jansénisme, quiétisme et protestantisme menacèrent la stabilité de l'Eglise et attirèrent les foudres du pouvoir royal qui soutint Bossuet contre son rival Fenelon, suspecté de dissidence. Les enjeux mystiques et politiques de cette querelle sont amplement développés. Au milieu de ces turbulences rôde la mort omniprésente dans ce monde clos où les épidémies sont fréquentes : la rougeole n'emportent-elle pas le dauphin et avec lui la foule des espoirs placés en lui ? José Cabanis sait malgré tout manier l'humour et transmettre sa passion pour un siècle où la contrainte pesant sur les individus fut telle qu'elle contribua à produire au siècle suivant l'effet de décompensation auquel on assista.
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