Citations sur Cahiers du Genre :Féminisme(s) recompositions et mutati.. (3)
À partir de plusieurs entretiens de militantes syndicalistes et de membres de partis de gauche et d’extrême gauche en France, l’étude de Josette Trat sur le statut de la responsable féministe dans les organisations mixtes porte à une vision pessimiste quant à la compréhension et à la reconnaissance de l’enjeu politique du féminisme. Les ambivalences des militants hommes sont au centre de l’analyse. L’auteure montre que la question féministe n’est pas considérée comme une question politique à
part entière par l’ensemble des militants des deux sexes mais plutôt, tout comme au XIXe siècle, comme « une question morale ». Par exemple, la lutte contre les violences vis-à-vis des femmes ne serait pas considérée comme un élément fondamental pour aider les femmes à gagner leur autonomie et à contester le contrôle exercé par les hommes sur l’activité et le corps des femmes, mais plutôt comme une simple action de soutien à des personnes en danger. Une action « morale », pourrait-on dire,
pouvant être assimilée à une forme de solidarité compassionnelle, mais qui reste ainsi en marge des priorités politiques.
Une autre façon d’aborder les transformations du féminisme est de prêter attention à son impact dans les champs politiques et scientifiques, domaines privilégiés d’intervention de ce mouvement. L’influence des féministes s’est traduite non seulement par de nouvelles mesures gouvernementales, mais également par une redéfinition des institutions étatiques ; de même, le mouvement féministe a contribué au renouvellement des problématiques de recherche. En relation avec la thématique centrale du numéro, trois aspects sont abordés : l’analyse des évolutions prises par les politiques en faveur de l’égalité des droits pour les femmes, la prise en compte du genre dans la sociologie des mouvements sociaux, et enfin l’examen de la place des militantes féministes au sein des groupes politiques.
Analyser les inflexions des mouvements féministes, faire le bilan des évolutions apparaît comme un des thèmes communs à plusieurs des articles. S’il est question des mutations du féminisme en cours, c’est souvent par un regard rétrospectif, fortement marqué par les références au féminisme des années 1970, que les textes abordent le sujet. L’histoire des luttes féministes est sujette à une vision rythmée de flux et reflux que la métaphore des vagues successives vient encore renforcer. Prédomine
ainsi une analyse des chronologies des engagements féministes
comme résultante de ruptures au sein des mouvements féministes