AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nouch971


Franchir la porte d'un Psy n'a rien d'anodin. Celui qui le fait doit vaincre ses peurs d'entrer dans le monde de l'étrange, de l'inconnu et, trop souvent, de l'incompris et du réprouvé par les autres. Les peurs qui habitent le patient sont si nombreuses : peur de devoir parler de ce qui fait souffrir, peur de raviver un passé douloureux qu'on voudrait oublier, peur de révélations aux vérités inaudibles et insupportables, peur d'être jugé.
Toutes ces résistances doivent être respectées plutôt que combattues car elles représentent toutes les défenses de survie du patient, aujourd'hui chancelant, mais encore debout et désireux d'être aidé.
Il s'agit de développer une « culture de sécurité », une zone de confiance où le patient se sentira suffisamment solide et volontaire pour être accompagné dans de nouveaux chemins qu'il co-construira avec son thérapeute. Car revenir sur un parcours douloureux constitue l'un des dilemmes de la thérapie qui doit pouvoir mettre en place un média utile qui se substitue à une approche frontale contre-indiquée
La parole, le jeu, le geste artistique, deviennent ces « objets flottants » par lesquels se traversent et se revisitent des histoires de vie douloureuses. L'évènement traumatique est mis en récit qui offre un regard distancié et parfois même ludique qui donne la possibilité d'être revécu et réapproprié par d'autres voies dans et par lesquelles le « narrateur-victime » se métamorphose en « acteur-thérapeute » de son propre trauma. L'exercice devient alors dynamique et ce nouvel « espace flottant » peut être utilisé pour intégrer les nouvelles donnes de l'existence. le thérapeute est le garant du cadre de sécurité afin d'éviter le débordement des émotions ou le retour aux habitus de la pensée et des comportements.
La souffrance émotionnelle, qui s'exprime le plus souvent comme une souffrance relationnelle, met en jeu le moi profond de notre identité et une autre partie de Soi qui s'est nourrit de la relation à l'Autre. Si toute relation humaine renferme une vocation à se pérenniser, elle doit également offrir la possibilité d'offrir la réciprocité de ces souhaits et de la valeur qu'elle entretient. En dépassant le sentiment d'appartenance des individus qui la composent, la relation acquiert une singularité du fait même que sa valeur s'accroît dans la poursuite de sa propre existence et du partage qui en est attendu.
Entre le « moi profond » et le « moi relationnel » se développent des interactions tantôt harmonieuses, tantôt conflictuelles, que ce soit en couple, au sein d'une famille, en entreprise ou en société en général.
Comme tout système vivant, le système humain ne peut évoluer qu'à partir de son propre cadre autoréférentiel. le thérapeute intervient dans un «espace intermédiaire » où son rôle est de permettre aux patients d'accéder à un « tiers-relationnel » nourri « d'objets flottants » symboliques et évolutifs à partir desquels pourra s'effectuer le rééquilibrage de la relation et à la découverte de nouvelles possibilités d'action.
À la manière de l'approche atypique et novatrice de l'école de Palo Alto, l'utilisation des « objets flottants » en thérapie contribue à créer de nouveaux espaces et outils de travail participatifs, catalyseurs du pouvoir créatif du patient ayant un rôle actif de thérapeute insoupçonné des solutions qu'une maïeutique « tiers-aidante » permet de faire advenir.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}