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Critique de Foxfire


Quand je suis tombée sur cette B.D à ma bibliothèque, j'ai immédiatement été intriguée. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cet ouvrage qui semble pourtant être une référence. Je ne peux pas dire que j'ai aimé cette B.D, et ce pour plusieurs raisons sur lesquelles je vais revenir, mais « la bête est morte » est une oeuvre très intéressante.

Tout d'abord « la bête est morte » qu'est-ce que c'est ? Il s'agit en fait de l'édition regroupant les deux volumes de l'oeuvre de Calvo et Dancette : « quand la bête est déchaînée » publié en 44 « quand la bête est terrassée » publié en 45. Les auteurs racontent ici la seconde guerre mondiale avec des animaux comme protagonistes. Je ne vais pas m'étendre sur les qualités visuelles de l'oeuvre qui sont indéniables. Dans un style très inspiré par Disney, Calvo propose de superbes illustrations, souvent foisonnantes, magnifiquement mises en couleurs et qui ont un impact certain. Je ferai court aussi concernant le côté narratif qui ne m'a pas vraiment séduite. Il y a énormément de texte et je l'ai trouvé souvent très pompeux. Je me suis pas mal ennuyée, l'histoire n'est pas très bien menée, c'est plutôt assommant en fait.

Ce qui rend la lecture de « la bête est morte » très intéressante c'est de ramener l'oeuvre en tant qu'objet historique au moment de sa publication. On constate en effet qu'on ne traite plus du tout ce sujet de la même façon aujourd'hui. le récit est assez emphatique, parfois grandiloquent dans l'expression du patriotisme qui irrigue tout l'ouvrage. Un patriotisme exacerbé qui amène les auteurs à ne pas faire mention du gouvernement de Vichy et à n'évoquer que très brièvement la collaboration. L'accent est mis sur les souffrances endurées par les peuples occupés et sur leur esprit de résistance. Cette façon de présenter l'Histoire se comprend aisément en regard de la date de parution de l'oeuvre. En effet, à la libération l'heure est à la réconciliation, il s'agit de panser les plaies et de célébrer l'idée d'une France unie et libre. D'autant plus que cet ouvrage s'adresse à un jeune public. Cette vision biaisée se retrouve également dans la caractérisation des peuples qui est souvent simpliste. Ainsi le peuple allemand est condamné dans son ensemble : « Ne croyez pas ceux qui vous diront que c'étaient des Loups d'une secte spéciale. C'est faux ! […] Il n'y a pas de bons et de mauvais Loups ; il y a la Barbarie qui est un tout, et ne comporte qu'une seule race, celle des monstres, des bourreaux, des sadiques, des tueurs ». Quant à la représentation du peuple japonais, elle est tout simplement raciste, le peuple japonais est décrit comme « un peuple de singes petits et jaunes, aussi laids que vaniteux ». Ce genre de qualificatifs qui choque énormément aujourd'hui ne semblait pas poser problème à l'époque.
Autre différence, majeure, de traitement de la 2nde guerre mondiale entre hier et aujourd'hui : l'évocation de la Shoah. le génocide est aujourd'hui très souvent au coeur de tout récit consacré à cette période. Dans « la bête est morte » il est à peine évoqué en quelques cases, et sans même que les choses ne soient vraiment nommées puisqu'on a plutôt l'impression que les camps de la mort étaient destinés aux opposants politiques. Cela est peut-être dû au fait qu'en 45 on n'avait pas encore pris la mesure de l'ampleur de ce qui s'était déroulé. Il y a sans doute d'autres raisons qui expliquent cet « oubli » mais je ne me hasarderai pas à conjecturer à ce sujet.

Bref, « la bête est morte » est une oeuvre qui mérite d'être lue, ne serait-ce qu'en tant qu'objet historique. Si je n'ai pas pris de plaisir à la lire, cette B.D est incontestablement intéressante.
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