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Critique de horline


Lecture réalisée pour les-agents-littéraires.fr
Que serait-il advenu de la Sérénissime au XVe siècle sans les complots, les drames, les banquets fastueux qui ont nourri aussi bien les passions amoureuses que les intrigues politiques, les effusions artistiques que les intérêts commerciaux ? Certainement une République bien terne qui aurait perdu très vite son indépendance face aux appétits de Charles Quint et de François 1er.

A travers le cycle Cinquecento en quatre volumes, nous infiltrons la Venise des puissants et des courtisanes au centre de laquelle illumine de sa beauté Laura Bagarotto, jeune femme issue de la noblesse padouane devenue courtisane qui a su se faire épouser du Chancelier de la République de Venise, Nicolò Aurélio. le troisième volume est l'occasion pour les auteurs de dresser une grande fresque familiale où l'amour exalté liant Laura à Nicolò est contrarié par les haines personnelles, les orgueils bafoués, les regrets amers et la soif de puissance qui tissent l'histoire de l'Italie de la Renaissance. A l'heure où Nicolò connaît la solitude de la déchéance et de l'exil forcé, la Sérénissime multiplie les négociations à double face : l'une officielle pour assurer la paix sur terre, l'autre secrète avec les Turcs pour sauver sa prospérité qui lui vient de la mer. Il faut compter sur les diplomaties de boudoir, les manoeuvres crapuleuses mais aussi la peste pour garantir la fin de la guerre contre un Empereur qui n'aspire qu'à réaliser l'unité de la chrétienneté et tenter de réhabiliter l'ancien chancelier.

La Signora de Limena reflète fidèlement l'image de la Sérénissime de la Renaissance sans figer ses traits dans la caricature. Celle qui exaltait les artistes et les penseurs, Titien, L'Arétin, Mantova Benavides…malgré la peste, la famine et la misère. Celle qui s'est érigée en République des secrets et des intrigues, soucieuse de son indépendance et de sa prospérité. La reconstitution historique est remarquable et n'est jamais trahie par le souffle romanesque qui imprègne le sort de la famille Aurélio (qui a existé). Les auteurs déplacent constamment l'attention du lecteur des évènements historiques aux préoccupations suggérées des personnages : il en ressort une composition habile et subtile à laquelle s'accorde une plume élégante et empreinte d'une suavité un peu lointaine.
Il y a comme une contemplation lascive, une esthétique de l'esprit portée au raffinement et à l'indolence dans ce roman. La violence, même cruelle, n'est que murmurée.
N.B : dans ce troisième volet de la saga, les auteurs ont rappelé de manière judicieuse des séquences clés des tomes précédents pour comprendre la portée de certains évènements et certaines pensées, et ce sans rompre le rythme du récit.
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