AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Denis3


D'un côté et de l'autre du miroir
se voient
ceux qui se ressemblent.
C.à.d. nous tous.

J'ai eu beaucoup de mal à saisir la notion d'absurde. Je ne suis pas certain de l'avoir bien fait, tant la notion m'est étrange et étrangère.

Camus se montre, s'explique, comme un homme qui veut, non, qui exige une justification immanente et parfaite à l'existence. N'en trouvant pas, il prend cette absence comme point de départ d'une approche de la vie, qu'il refuse d'appeler éthique ou métaphysique. Peut-être aurait-il développé un tel système
s'il en avait eu le temps ? Non seulement il refuse les consolations de la philosophie, et toutes les autres, mais il souhaite n'avoir à faire qu'à cette absence, à ce vide hurlant. Et devant lui, la révolte lui parait la seule réponse digne. La seule qui puisse justifier de continuer à vivre. Vivre de façon boulimique, comme un enragé de la vie. La vie même, la vie nue, comme protestation envers cet état de choses. Rien de plus, rien de moins. Et Camus d'élaborer les conséquences de ce choix dans diverses dimensions de la vie humaine: l'amour, l'action ou la création.

J'ai été indigné, d'abord, par l'exigence totale qu'exprime Camus. Tout, tout de suite ! Allons, la vie ne va pas ainsi, me suis-je dit. Puis je me suis étonné de cette faim, non, de cette famine hurlante qu'il semble éprouver sur le plan existentiel. Cette indignation, ce sentiment d'un scandale de l'existence. Je me suis rendu compte que là où il semble éprouver un vide je ressens une plénitude. L'expérience d'être vu, connu et accepté. Une paix intérieure, un repos. Oh, je ne suis pas immunisé contre la souffrance, et un jour je mourrai. Dans quinze à vingt ans, selon les statistiques, ce qui n'est pas énorme. Mais il s'agit là de vents, de tempêtes qui agitent les eaux de surface. En ses profondeurs, le coeur sait la partie déjà gagnée : il suffit de la vivre.

Deux réponses très différentes à une situation qui est sans doute la même. En regardant dans un miroir, peut-on voir son opposé ? Sans doute. Mais, monsieur Camus, vous êtes un homme intègre, un homme bon. Permettez-moi de croire que la bonté n'est jamais en vain.




Commenter  J’apprécie          5916



Ont apprécié cette critique (59)voir plus




{* *}