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Critique de dido600


Voilà donc un roman, un vrai, à l'écriture assez originale. Deux auteurs, plusieurs voix.

Au centre du récit et au départ, l'amour, en pleine guerre de libération nationale, de Louise, la «pied-noir» de «bonne famille» (mère raciste et Oas, mais père intellectuel libéral) pour Kader, un étudiant en médecine (à Alger), militant actif du Fln. La fille, influencée par les idées et les réflexions libérales et humanistes du papa et, aussi, révoltée par la condition inhumaine faite aux «indigènes», et par les attitudes et comportements racistes de son environnement immédiat, ne tarde pas à rejoindre le mouvement national. Rien de plus facile pour elle, belle et rebelle et parlant, grâce à son père, l'arabe et le kabyle. Algérienne jusqu'au bout des ongles! Possédée par l'Algérie, elle s'implique à fond.

L'indépendance ! Espoirs, jouissances, jouisseurs, dérives, nuits folles, journées pleines... tout y passe.

Louise habite les hauteurs d'Alger. Elle observe, évalue, juge et tranche…sans peur car sans reproches, si ce n'est que de trop aimer son pays…l'Algérie…et son époux devenu un médecin réputé, mais déjà oublieux des combats passés et des promesses. Au bout de 35 années de mariage, c'est le divorce…et elle est découvre qu'elle est une «étrangère», avec une peau qui «ressemble aux façades des immeubles d'Alger»… «à l'image d'Alger, ruinée», à l'exception de certains lieux qui ne vieillissent pas, donnant l'illusion de l'éternelle jeunesse. Comme le Saint Georges, «un douloureux mirage».

Autour d'elle, plusieurs personnages hérités d'hier, se trouvant pour la plupart en France, partis en 62...et des amis, nouveaux, jeunes ou vieux : l'homosexuel, un réalisateur, le jeune à la recherche de son identité, de son histoire et d'un autre avenir, les racistes, l'acteur raté,…

Les souvenirs, les commentaires, les observations, les analyses, les événements se croisent et s'entrecroisent parfois, se mêlant harmonieusement ou amoureusement, parfois s'entrechoquant. le tout dans une Algérie qui a beaucoup changé (évolué ?), tout particulièrement en raison d'une religiosité exacerbée et d'un arabo-nationalisme borné...et avec, en face, une France qui a beaucoup évolué, tout particulièrment en raison du bouleversement des moeurs et d'un universalisme mondialisé...Mais qui laisse une foultitude de questionnements sur les rapports ambigus jusqu'à l'équivoque entre les deux pays dont celle-ci : «Comment aimer une nation tortionnaire ? Comment haïr le pays des Lumières ?»
Avis : Au départ, l'apparence d'un sujet-bâteau. La suite vous entraîne dans un voyage au long cours, mouvementé comme on le devine, à travers le temps présent de l'Algérie et à travers une mémoire originale… Celle d'une «pied-noir» algérienne plus que les Algériens, mortellement patriote.
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