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Critique de mh17


La signature des accords de Munich (29-30 septembre 1938) est un choc terrible pour Karel Čapek. Malade, épuisé, harcelé par les pro-nazis mais refusant l'exil, il se réfugie dans l'écriture de la Vie et l'oeuvre du compositeur Foltýn, une biographie fictive. Il meurt d'une pneumonie le 25 décembre 1938 avant d'avoir pu terminer son roman. Les dernières pages ont été complétées par son épouse Olga d'après ses notes et leurs conversations. le livre est publié en 1939. Il fait réfléchir sur la vérité et le mensonge dans la vie et dans l'art, sans jamais ennuyer.

Qui était Bedrich Foltyn ? Un génie incompris ? Un poseur vantard ? Un malade mental ? Un escroc ? Un merveilleux imbécile ?
Cette biographie fictive posthume est construite chapitre après chapitre, comme une instruction judiciaire. Sont appelés à témoigner tous ceux qui l'ont connu.
Dès le premier chapitre, constitué du témoignage d'un ancien camarade de lycée, devenu juge et qui refuse de le juger, on comprend que Béda Folten (nom qu'il s'est choisi) voulait de toutes ses forces être reconnu comme un artiste. Il est très timide, s'effondre quand il lui faut réciter quelque chose en public et en même temps il prend la pose de l' artiste romantique avec ses longs cheveux blonds flottant sur ses frêles épaules et ajuste un lorgnon, pour se distinguer du troupeau. Il s'imagine alors sous les traits du dieu Dionysos et son camarade, un rustaud qui écrit des vers, sous ceux d'Apollon. Et ils parcourent la ville «  pour entrevoir, le coeur battant, par une fissure de la porte, la lueur rouge de l'antre de Vénus ». Tout au long de sa vie, Foltyn restera obsédé par l'idée d'être le compositeur d' un opéra, musique et livret, avec le personnage biblique de Judith, la femme fatale, comme héroïne. Et il fera tout pour y arriver. le récit tragi-comique est truffé d'allusions à un romantisme échevelé wagnérien, plein de nymphes farouches et de ménades déchainées.
Les neuf narrateurs ont tous une opinion. Elles se recoupent, divergent et complexifient la propre opinion du lecteur. On s'amuse beaucoup car chacun des témoins à son petit caractère, sa façon de parler, de se comporter. Et chacun a son point de vue sur l'art et les artistes. Les témoignages sont parfaitement réalistes avec des détails savoureux et une légère ironie. le point de vue de Čapek lui-même est introduit tel le cheval de Troie dans un des neuf témoignages.

A la fin les mots d'Olga Scheinpflugová, la veuve de Čapek, sont inestimables. Derrière son texte, apparaît un homme qui parle de ses personnages comme s'il s'agissait d'êtres vivants « avec des yeux brûlants et avec cette expression particulière qui embellissait son visage dès qu'il parlait de l'art. ».
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