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Critique de Musa_aka_Cthulie


Je passe après lanard et LaSalamandreNumérique, qui ont à peu près tout dit sur ces Lettres d'Italie, et me voilà bien embêtée, d'autant que :
1) Je n'avais encore jamais lu Čapek de ma vie, malgré les tas de promesses que je me suis faites durant ces dernières années
2) Je ne suis jamais allée en Italie. Enfin, c'est pas tout à fait exact. Je suis allée vers l'âge de 12 ans dans une petite ville-frontière des Alpes italiennes le temps d'un après-midi, que j'ai passé à manger des glaces italiennes (une découverte marquante ; quand je pense qu'on nous fait passer pour des glaces italiennes ces cochonneries tortillonnées... Mais passons.) le seul autre souvenir que j'en ai, c'est qu'il y avait à côté du marchand de glaces un imposant bâtiment qui m'avait paru très laid et qui abritait une banque, et aussi que la ville était moche.


Tout ça pour dire que je ne partais pas avec tous les atouts en poche pour apprécier à sa juste valeur ces lettres que Čapek a adressées en 1923 au journal Lidove noviny pendant la durée de son voyage en Italie ; l'idée de départ, pour moi, c'était d'apprendre un peu à connaître Čapek.


Alors, est-il nécessaire de connaître Čapek et l'Italie pour lire ce feuilleton journalistique publié plus tard en recueil ? Pour ce qui est de l'auteur, je ne suis pas certaine que ça change grand-chose. Pour ce qui est du pays, c'est certainement beaucoup plus plaisant si l'on retrouve, à travers ce voyage, des villes, des oeuvres d'art, des paysages que l'on a soi-même vus sur place. Je suis forcément passée à côté de tout ce qui relève des réminiscences et de la nostalgie. Ce qui m'a permis en revanche de compenser mes lacunes, c'est mon intérêt pour l'histoire de l'art. C'est tout de même plus sympa de savoir qui sont les peintres auxquels se réfèrent Čapek ; le livre est bien annoté, mais j'imagine que c'est un calvaire que d'aller regarder les notes à chaque fois qu'un artiste est mentionné.


Toujours est-il que l'intérêt principal que j'ai trouvé à ces Lettres d'Italie, c'est l'humour de l'auteur et le décalage qu'il y instille sciemment avec les sempiternels discours des touristes et de leurs guides (le fameux Baedeker est d'ailleurs pris à parti) de 1923 - et d'aujourd'hui. Naples, c'est de l'arnaque. Venise, ouais, bof. Les ruines antiques, ouais, bof. Et le baroque, quelle horreur !!! Čapek utilise le terme à foison : baroque par-ci, baroque par-là, ceci est baroque, cela aussi. Il n'a aucune considération pour le baroque tel que défini par l'histoire de l'art. Est baroque ce qui est déplaisant, lourd, chargé, énervant. Tout ce qui est baroque n'est pas à jeter, mais il y a baroque et baroque, et souvent le baroque déplaisant se fait plus insistant que l'autre. de même, il existe pour Čapek un gothique beau et sobre, et un "gothique courroucé" (dans la traduction française), et ainsi de suite. La Renaissance en prend aussi pour son grade. Et puis il y a Giotto, qui est le plus grand de tous, mais finalement Čapek lui préfère Cimabue, mais non c'est Giotto qui dépasse tout le monde, sauf que Mantegna est le préféré de Čapek, et en fait non, on en revient à Giotto.


Et puis encore, il y a ces petits moments qui feront de toute façon écho chez tout un chacun : ce peut être les descriptions de petites scènes ordinaires, les images des rues encombrées, du linge étendu. Pour moi, ça été surtout deux choses. La consternation de Čapek voyant les palais transformés en banques, banques qui pullulent un peu partout selon lui - Ah ! Ah ! Ah !!! Mais c'est la description de ma ville, ça, et de toutes les villes françaises d'aujourd'hui ! Et l'évocation du mélange d'odeurs de fleurs, de poisson pourri, de fromage, de linge mouillé, de langes d'enfants, de crottin, de légumes pourris et d'huile rance - entre autres parfums - à Monreale. Et Čapek de conclure le chapitre sur Monreale ainsi : "Les beautés et les étrangetés du monde sont inexplicables".



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