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Critique de jul6legrand


[Priya et les arché-tripes]
Avec La fille du boucher, mémorable première enquête de la commissaire Priya Darmesh, Marie Capron frappait fort, harponnait le lecteur au gré des circonvolutions machiavéliques d'un récit étoilé de nuances sanglantes et d'éclats de chair fraîche, révélant une plume alerte, inventive, sans concession.
Une prouesse littéraire.
Dire alors qu'on avait hâte de savoir à quelle sauce on serait mangé au retour de Priya est un euphémisme. Et la promesse tenue par le Silence des nonnes, ne tient pas seulement aux ingrédients d'une recette qui a déjà (abominablement) fait ses preuves, mais au contrepied facétieux pris par l'autrice dans son mode opératoire.
De l'objet-polar non-identifié du premier opus dont l'intrigue se développait avec la puissance d'une lame de fond tsunamique, le récit se dévore ici au rythme d'un page-turner hard-boiled frémissant. Là où La Fille du boucher exerçait son pouvoir de fascination notamment dans la sophistication picturale de ses scènes de crimes, le Silence des nonnes, sans pour autant ménager le lecteur, tient beaucoup à la jubilation procurée par le ballet d'une brochette de personnages aux archétypes mis en pièces sous le scalpel d'une plume démiurge–de la nymphette tordue à l'agent ex-toxico has-been, en passant par la monmon malbar revêche au coeur tendre, ou le rapace Hayamatsumi dont le charisme n'a rien à envier aux protagonistes de la fashion week- lesquels s'affranchissent à vue, pour évoluer sans filtre, libres et déjantés, entre les pages de ce noir polar.
Marie Capron confesse entendre les personnages prendre vie et parole dans sa tête. Surtout les « méchants », les ogres des contes pour enfants.
Et ce sont bien eux qui font le sel d'une intrigue balayée par le regard-radar d'une autrice qui twiste sans ménagement son époque en se payant le luxe d'un léger temps d'avance dystopique ; là où les dérélictions meurtrières, on l'imagine, agissent sur ses sens comme un antidote sorcier, un exorcisme pulp.
Ils installent ainsi officiellement Priya dans la récurrence d'une série policière qui prend aux tripes et dont on bouillonne de connaître la suite.
On s'en réjouit. On veut du rab.


Lien : https://www.instagram.com/ju..
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