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Critique de SanL


Chronique des jours de cendre n'est pas un livre de "sociologie des arabo-musulmans". Même si le pays et la culture me semblent présentés avec justesse, Sohrab et Naïm me paraissent trop "occidentalisés" pour que je ressente un certain "abysse culturel" entre eux et moi. Ce n'est pas non plus un roman sur la "psychologie du terrorisme", décrivant comment un simple citoyen peut devenir du jour au lendemain un "fou de dieu". Chronique des jours de cendre est surtout un livre sur la guerre, en particulier sur le chaos et les souffrances qu'elle génère, et dans lesquels tout le monde finit par s'y perdre.

Les protagonistes du roman sont pourtant loin d'être des machines à tuer. Aussi bien Sohrab que Niko Barnes doutent du bien fondé des actions de leur propre camp. Peut-être que, en tant que marginaux, ils avaient les moyens de pouvoir remettre en question la doxa de leur milieu. Niko Barnes, malgré sa classe sociale peu élevée et sa vulgarité, est un amoureux des lettres et de Steinbeck, et ne cesse de comparer les Irakiens aux opprimés des Raisins de la Colère. Sohrab, quant à elle, est une chrétienne issue d'une minorité ethnique, et est bien plus libre et instruite que la plupart de femmes de son pays. Elle s'inquiète ainsi de la montée de l'islamisme dans son pays, une idéologie peu clémente envers les femmes. Malgré cela, tous les deux aussi vont finir par sombrer dans l'absurdité des conflits qui gangrènent le pays.

Pas à pas, on suit leurs périples et leurs luttes intérieures, et on ne peut s'empêcher de sympathiser avec eux, de ressentir leur doute, leurs déboires et leurs souffrances, jusqu'au dénouement tragique de cette histoire. Car la guerre, c'est laid, quels que soient l'époque, le lieu et le camp auxquels on appartient. En cela, l'expérience des personnages de Chronique des jours de cendre ressemble à celle d'autres personnes dans d'autres guerres, comme la guerre du Vietnam, voire peut-être de toutes les guerres qui ont existé. Par ce livre, Louise Caron a entrouvert une porte vers l'universalité de la souffrance humaine, chose dont la littérature et les arts ne cessent de s'en inspirer.
Lien : http://www.scienceballade.co..
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