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Critique de Vivrelivre


Ce roman coup de poing m'a happée, bouleversée, questionnée. Il est de ceux qui habitent ses lecteurs longtemps après en avoir tourné les dernières pages. Et pas uniquement parce qu'il fait écho à une brûlante actualité.

Chronique des jours de cendre nous relate l'après-guerre en Irak après la chute de Saddam Hussein, pendant la mission pseudo-démocratique des Américains.

Nous sommes en 2007.
Dans ce pays exsangue règnent l'insécurité, la violence, la religion détournée et la peur, paranoïaque, dangereuse, manipulatrice, aveugle. Une attitude, une parole, une absence, une rumeur brisent femmes et hommes, familles, destins, colportent haines et vengeances.

C'est au coeur de ce marasme que Louise Caron nous fait faire connaissance avec Sohrab Haguigui, Naïm Benali et le sergent Niko Barnes.

Parce que la guerre englue, étouffe, broie des individualités, qui se confrontent, s'opposent et se ressemblent, l'auteure a opté pour une narration à deux voix, les faisant s'alterner à chaque chapitre, nous permettant, à nous lecteurs, d'appréhender la dualité de chaque situation, sans parti-pris.

On entend d'abord celle de Sohrab.
Une jeune fille libre, cultivée et éduquée dans un esprit d'ouverture au monde par son père et qui, malgré ses convictions, décide de suivre le désir de vengeance de son petit-ami Naïm, dont le père vient d'être assassiné.
Lui, artiste et poète, à l'identité complexe et inconsciente, s'est laissé convaincre par le discours fanatico-politico-religieux de Mustafa, rattaché au groupe radical de Moqtada.

La deuxième voix est celle du sergent Niko Barnes.
Il est à la limite du burn-out et gavé de cachets en tout genre. Il est maintenu à son poste car il est très apprécié de ses hommes.
Solitaire et colérique, Barnes se confie à ses carnets qu'il noircit de ses pensées sombres et folles, de ses souvenirs, doutes et culpabilités. Il ne comprend plus sa présence en Irak, s'interroge sur sa condition de soldat, qui ne le contraint qu'à obéir. Encore, toujours.

C'est à la suite d'une horrible bavure, énième effet collatéral, que les chemins de ces deux personnages vont se croiser, se répondre, s'inverser et justifier les haines réciproques. Alors que Sohrab sombre, lui commence à émerger, à entrevoir un futur, un possible, loin de tout ce chaos.

Jusqu'à la fin, amère, empreinte de fatalité, au goût de cendre...

Jusqu'où la guerre peut-elle aller, transformer les êtres pour n'imposer que la loi de la violence, à coup de mensonges, d'humiliations, de perversion de leurs idéaux et de leur humanité ?
Y a-t-il une issue ?

Chronique des jours de cendre pose des questions qui dérangent et retranscrit tout le paradoxe de cette guerre (et de celles qui suivent), choc de cultures et de civilisations.
Ce roman fait partie des livres qui font mal, mais qui sont nécessaires et qu'il faut absolument lire!
Suite de mon article ici: http://vivrelivre19.over-blog.com/2016/02/chronique-des-jours-de-cendre-louise-caron.html
Lien : http://vivrelivre19.over-blo..
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