AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


Irwin Semple est différent. Une gueule tordue, une élocution limitée, un air absent, un comportement imprévisible… Bénêt, simplet, idiot, où placer le curseur ? Peu importe. Les ingrédients d'une enfance et d'une adolescence difficiles sont constitués.

Pourtant, dans l'adversité et les railleries, Irwin n'a de cesse que de chercher à s'intégrer aux autres ados et en particulier à Harold, beau gosse et cynique chef de bande. Leurs moqueries, leur mépris, leurs sévices – moraux comme physiques - glissent sur Irwin, qui n'y voit que de réconfortantes et encourageantes marques d'intérêt.

Et pourtant c'est lui qui trinque à chaque fois, viré du bar, mutilé par une boule de billard ou exclu du collège. Et le jour où le défi est poussé à son paroxysme avec Carole, l'amie d'Harold, le drame survient : Irwin y gagnera un séjour de dix-huit ans en HP. À sa sortie, il est temps pour Irwin de tout recommencer et d'apprendre à vivre. Jusqu'à ce qu'il recroise Harold…

Dans Clair obscur, Don Carpenter – traduit par Céline Leroy – nous entraîne dans une histoire sombre, empreinte de fatalisme, de désespoir et d'une certaine forme de cruauté sordide, celles des petits riens et des petites bassesses de tous les jours qui font les grands maux de ceux qui les subissent. Mais dans toute cette injuste noirceur, Carpenter laisse constamment transparaître une – faible – lueur d'espoir : l'idée d'une rédemption toujours possible, de vies résignées mais de vies quand même, d'une éventualité de bonheur qui peut suffire à justifier toute existence.

Enfin, comme cela m'avait déjà frappé dans Un dernier verre au bar sans nom, Carpenter est un portraitiste surdoué, qui porte un regard incroyablement bienveillant sur ses personnages qui en deviennent immédiatement attachants : Irwin, bien sûr. Mais aussi la tendre Rosemary qui trouve dans la chaleur mêlée de leurs corps le réconfort recherché. L'écriture de Carpenter transpire cette bienveillance : douce, fluide, rêveuse par moments, elle est paradoxalement apaisante dans cet univers si sombre, ce qui mérite au passage une mention spéciale pour la traductrice.
Commenter  J’apprécie          413



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}