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Critique de Cadame


Une lecture essentielle pour qui veut comprendre à quel point notre mode de vie moderne est délirant sous couvert d'être fondé sur la rationalité et la science. Et c'est par la rationalité et la science que l'autrice le montre. En partant de l'observation de nos jardins et du dépeuplement des oiseaux (j'entends encore ma mère se plaindre l'été dernier qu'elle ne les entendait plus) elle remonte aux origines humaines du problème en dévoilant la composition moléculaire de ces agents pesticides, insecticides et herbicides et en mettant en avant la manière dont ils fonctionnent sur les êtres vivants. Et justement, elle appelle à redéfinir le vivant et à remettre les êtres humains à leur juste place. L'ouvrage offre une compréhension des rapports complexes qu'entretiennent les êtres vivants entre eux pour former des écosystèmes et donc pour exister. L'être humain fait intimement partie de cette chaîne d'interdépendances dont l'équilibre merveilleux est si fragile. C'est cette émerveillement face à l'ingéniosité de la nature, qui n'a pas besoin d'un concept du divin pour être riche et élevée, que l'autrice instille chez les lecteurs qui veulent bien s'arrêter et observer. de cet émerveillement surgit la plus grande indignation, surtout quand elle montre d'abord que l'on en connaît suffisamment sur la nature pour s'inspirer de ses mécanismes et les aider, avec un effort et une dépense moindre que ceux des méthodes actuelles. Autre donnée qui pousse à l'indignation jusqu'au désespoir c'est de voir les dates, déjà de cet ouvrage (1962) mais aussi des études dont elle conte les découvertes qui datent parfois des années 30. On sait déjà tout ou en tout cas si l'on cherche à savoir tout est déjà là et pourtant rien ne semble avoir profondément changé et nous sommes déjà en 2023. Je ne doutes pas que ce cri de Rachel Carson ait eu des répercussions, que des mesures ont été prises. Mais de manière suffisante ? Quand je vois autour de moi mes proches souffrir de cancer, en mourir même … Lire ce livre, c'est comprendre que ce ne sont pas des destins individuels, une malchance de famille, mais qu'il y a bien des raisons politiques, économiques et sociales à ces tragédies. Elle en parle de ces décisions politiques prises à grande échelle. Aucun doute qu'aujourd'hui les décisions soient prises de la même manière désinvolte sans aucune prévision sur les effets à long terme. Après une lecture pareille, on a du mal à rester optimiste et pourtant c'est ce que l'autrice propose. Et elle a raison. Parce que le pessimisme pousse nos institutions à une forme de nihilisme qui les empêche de penser autrement, de voir l'avenir autrement que comme une spirale infernale et non plus comme un champ des possibles.
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