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Critique de PedroPanRabbit


Il ne suffit pas d'avoir le bon pitch pour faire un bon livre : ce titre en est le parfait exemple. L'intrigue, prometteuse, rassemblait tout ce qu'on aime, à commencer par l'époque. Y a-t-il décennie plus romanesque que les années 1920 ? Cette période de fêtes et d'émancipation post conflit international est souvent la promesse de fictions et d'aventures exaltantes. Venait ensuite la thématique socio-historique : l'idée de trois héroïnes qui se cherchent une place dans la société après avoir participé à l'effort de guerre et fait tourner la France pendant que les hommes étaient au front était plus qu'enthousiasmante. Enfin, ajoutons à cela un gang de femmes revêtues de noir qui, la nuit tombée, jouent les Arsène Lupin sur les toits de Paris, et on croyait tenir là une nouvelle pépite de lecture. "Don't judge a book by its cover", disent les Anglais. Cela vaut apparemment même quand la couverture est réussie...

Car malgré un excellent postulat de base et un contexte historique très porteur (la place de la femme au sortir de la Première Guerre mondiale, l'avènement du féminisme et le mouvement des suffragettes), l'intrigue se révèle finalement très inégale. On a le temps de lui imaginer au moins une bonne vingtaine de directions différentes qu'il ne s'est toujours rien passé de réellement substantiel. Des histoires, certes, il y en a, mais une histoire... pas sûr. On suit les personnages de Léontine, Alice et Emma, tantôt ensemble, tantôt séparément, tandis que la presse relate en diagonal les méfaits du gang des "Papillons Noirs", mais passée la moitié du roman, il ne s'est toujours rien déroulé de concret, et le livre nous tombe littéralement des mains. On ne sait pas ce que l'autrice veut nous raconter et on finit par s'ennuyer ferme.

Si encore les personnages suffisaient à nous donner envie d'aller jusqu'au bout, mais même là, malgré nos efforts, c'est de nouveau très inégal. Les profils des héroïnes sont initialement plutôt bien brossés, toutes trois se distinguant chacune par une psychologie et un parcours différent. En cela, elles reflètent assez justement trois façons d'être femme en 1922 (la "bonne épouse", la garçonne et la bohème), mais elles peinent à prendre une véritable place dans ce scénario de littérature jeunesse. Entre les traumas (notamment une scène de viol, annoncée en introduction, mais racontée avec maladresse) et les combats, elles sont finalement mises en scène à travers des dialogues qui sonnent le plus souvent faux. Leurs réactions (ou absences de réaction) n'ont que peu de crédibilité et elles n'ont pas l'épaisseur que l'autrice cherche à leur donner. Même les personnages secondaires, très caricaturaux, témoignent d'un cruel manque de nuances.

Enfin, l'écriture, là aussi, est sur le même modèle. le style est certes correct mais très scolaire, comme si l'autrice cherchait sa plume. Celle-là reste assez plate, avec certains anachronismes assez indigestes pour les lecteurs férus de fictions historiques. Un écart assez malaisant subsiste tout au long du livre entre les thèmes abordés par l'écrivaine (forts, parfois même crus ou violents) et l'écriture, trop superficielle.

En bref : Malgré son pitch alléchant et des thématiques centrales qui laissaient présager une lecture passionnante, "La folie des Papillons" est une vraie déception. En effet, en dépit de sujets forts, ce roman souffre de ses trop nombreuses inégalités : l'écriture manque de fluidité, les personnages, de crédibilité, et quant à l'intrigue, elle s'égare dans un fourre-tout dont on peine à démêler le fil d'une trame véritablement substantielle. Tout ça est très dommage, car on a réellement cherché à s'accrocher et à trouver des points positifs... sans les trouver.
Lien : https://books-tea-pie.blogsp..
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