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Critique de vbsingapour


J'ai aimé “Secrète Lalibela”, le deuxième roman d'Olivier Castaignède : son écriture, de qualité, est sensible et respectueuse en ce que le lecteur a l'impression que les faits témoignent d'eux-mêmes, sans fioriture ou affect ajoutés. L'auteur s'attache à ses personnages, et des problématiques précises telles que l'identité transgenre et la constitution de soi par l'ambition professionnelle sont au coeur du roman, au travers de ses acteurs : cependant Olivier a évité d'inspirer au lecteur des jugements de valeur, souvent signifiés par la description des « bonnes ou mauvaises actions », des attributs de caractère ou des réflexions morales des personnages ; ici leur profil se révèle peu à peu, tout en finesse, car déterminé par leurs interactions. L'intrigue est en effet traitée sous forme de l'enchaînement des relations au sein d'un triangle de personnes et non sur leurs traits de caractère individuels, que le lecteur découvre ainsi peu à peu, sans qu'ils lui soient imposés : Olivier évite ainsi avec élégance l'écueil des stéréotypes en conservant la crédibilité de personnages pourtant très typés. C'est ce déroulement d'une succession d'actions/réactions du trio qui donne son rythme au roman et permet au lecteur de vivre avec bonheur cette suspension de quelques heures que procure la lecture d'un livre qu'on n'a pas envie de lâcher avant d'en voir l'aboutissement.
L'intrigue est fondée sur trois mensonges sur l'identité de chacun des personnages, qui, dès lors qu'ils sont minés par la peur de la perte de leur statut, ne vont désormais agir/réagir plus qu'en fonction de celle-ci. Peu à peu l'étau se resserre. C'est au travers du déroulement des actes de chacun que se révèlent les nouvelles identités, en dévoilant les thèmes connexes de la tromperie de l'amour et de la fraude pour l'affirmation de soi. Tout lecteur pourra se reconnaitre dans les efforts que chacun fait, dans sa vie quotidienne banale, pour préserver son statut, inscrit avant tout dans l'amour et la reconnaissance des autres, efforts consentis jusqu'au paradoxe de se perdre soi-même en risquant de tout perdre : en définitive un très beau livre en hyperbole sur cette fatalité, campée ici dans trois pays d'Afrique, d'Asie et d'Europe, car universelle, et qui nous touche profondément.
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