AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de domi_troizarsouilles


Après l'enchantement qu'avait été le tome 1, je ne pouvais que me lancer dans ce tome 2 qui, par chance, était également disponible en version numérique à la bibliothèque. On retrouve les personnages et le plaisir de lecture du 1er tome : ce sont des personnages forts, très typés, qu'on croirait à la limite du cliché et puis tout à coup l'un ou l'autre élément les rend définitivement atypiques. On aime toujours autant Kelen, issu d'une grande lignée de mages mais sans quasi aucun pouvoir, car il est atteint de « l'ombre au noir » et ses propres parents ont contrecarré ses dons magiques autant que possible ; on a l'énigmatique Furia, qui semble avoir pris Kelen sous son aile sans pour autant en faire un apprenti de la « voie des Argosi », qu'elle suit quant à elle d'une façon surprenante ; et bien sûr, on a toujours Rakis, le chacureuil belliqueux qui apporte l'indéniable touche d'humour constant à ce livre.

Dans ce nouveau tome, on croise aussi une autre Argosi, au nom alambiqué à rallonge typique de son peuple, mais réduit à Rosie pour les intimes, et sa peut-être apprentie Seneira ; au lieu de fuir encore et encore, on se base quelque temps dans la ville Teleidos, au milieu de cette région des Sept Sables, sans gouvernement, sans pouvoir, qui sert de tampon aux grandes puissances environnantes, et où fleurit l'Académie, un lieu de savoir et de formation des jeunes nantis des puissances précitées.

C'est dans ce contexte et avec leurs nouveaux compagnons que nos trois exilés préférés vont vivre de nouvelles aventures, dans lesquelles le sens du rythme de l'auteur ne faiblit pas, dans une multiplicité de rebondissements marqués, comme dans le premier tome, par une certaine constante : Kelen surtout est extrêmement « doué » pour se mettre dans des situations complètement improbables, très inventives et pourtant désespérées, d'où il finit pourtant par sortir d'une façon ou d'une autre – sinon l'histoire s'arrêterait là. Par ailleurs, on a admis désormais que Kelen ne deviendra jamais un grand mage (même s'il continue d'en rêver parfois), on comprend avant lui qu'il est « quelqu'un de bien », et on s'est bien attaché à ses deux compagnons.

Mais c'est bien là toute la force… et aussi la faiblesse de ce livre !
De façon indéniable, Sebastien de Castell a su se réinventer complètement, tout en conservant pourtant les ingrédients qui avaient fait le succès du premier tome, comme expliqués plus haut. Mais désormais la question, qui trottinait déjà dans ma tête lors du premier tome, se fait plus aiguë désormais : et puis quoi ? On est un peu dans une démarche « va où le vent te porte », parce que après tout, Kelen est un exilé qui fuit son peuple pour des raisons évidentes, tout en apprenant à survivre aux côtés de Furia qui en sait bien plus que lui sur le sujet, et qui semble suivre la même philosophie, même si elle appréhende la vie d'une toute autre façon que son compagnon. Cependant, si cette fuite en avant faisait partie intégrante de l'intrigue du premier tome, ici on l'accepte encore mais elle n'a plus tout à fait le même sens. On voudrait (en tout cas je voudrais) que Kelen ait au moins une vague idée de ce vers quoi il tend, ou à défaut d'une idée, un vrai rêve, un idéal, un but même impossible ! Or, là, on est juste dans le « grand rien », qui vivra verra et en attendant on continue… Certes, on n'en est qu'au 2e tome et Kelen est encore en train de se découvrir dans une vie radicalement différente de celle à laquelle on l'avait préparé depuis tout petit. Mais cette explication-là, qui est resservie ici ou là tout au long du livre, ne suffit plus tout à fait à convaincre. Va-t-on donc aller ainsi de tome en tome, d'une ville à l'autre vers de nouvelles aventures, sans qu'il y ait le moindre « fil rouge » plus constructeur ? Kelen ne sait plus qui il est, ni ce qu'il va devenir, ça on l'a bien compris… mais s'il faut aller jusqu'au 6e tome pour avoir une quelconque réponse, et en attendant se contenter de le suivre sur les routes en voyant ce qui se passe dans sa vie, c'est sympa mais ça présente dès maintenant quelques tout petits signes d'essoufflement.

Ainsi, c'était un tout bon moment de lecture, mais qui fait craindre une certaine répétition, certes inventive mais peu à peu insuffisante, d'une intrigue qui va finir par tourner en rond. Si j'étais très heureuse d'entamer ce 2e tome après le plaisir du 1er, et même si je reconnais que ce 2e tome confirme tout le talent de l'auteur et l'intérêt pour ses personnages, je ne suis quand même pas certaine de me précipiter sur la suite…
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}