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Critique de maevedefrance


Je vais me contenter de la quatrième de couverture pour vous présenter l'histoire :
"Six jours dans la vie de Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de janvier 2015 où la France bascule dans l'effroi.
Ce soir, Caumes a 17 ans et attend le déluge. Il ne sait qu'une chose : à la fin de l'année, il quittera sa ville natale pour rejoindre son frère aîné à Paris. Paris, la ville rêvée. Ce soir, Caumes a 17 ans et attend aussi le miracle qui, à son grand étonnement, survient : Esther – sujet de tous ses fantasmes – se décide enfin à lui adresser plus de trois mots, à le regarder droit dans les yeux et à laisser deviner un " plus si affinités "... Nous sommes le mardi 6 janvier 2015 et le monde de Caumes bascule : le premier amour s'annonce et la perspective obsédante de la " première fois ". Sauf que le lendemain, c'est la France qui bascule à son tour : deux terroristes forcent l'entrée du journal Charlie Hebdo et font onze victimes..."

J'ai entendu l'auteur parler de son roman dans l'émission La Grande Librairie et il a été assez convaincant pour que j'aie envie de le lire. Ce qui en soit, au regard du sujet, n'était pas gagné d'avance. Je pensais trouver un roman qui sorte des clichés et prenne un peu de hauteur.
Hélas ! Les personnages sont des caricatures : il y a le copain de Caumes, Hakim, le "rebeu" qui vit en HLM, se fait insulter dans la cour, se fait racketter et finalement tout fini très mal pour lui ; il y a le fils de facho, lui-même facho en culotte courte ; il y a Caumes le fils de bourgeois qui rêve d'aller habiter ailleurs qu'en banlieue parce que la banlieue c'est naze (sympa !); il y a Esther la juive.
Le récit se base sur le journal intime de Caumes. On a donc son point de vue d'adolescent sur ce qui se passe autour de lui au moment des attentats de janvier 2015. On a surtout ses états d'âme d'ado qui tombe amoureux d'Esther. Why not ? Mais encore une fois, pour moi, ça a pêché dans l'excès. Caumes est vulgaire et ne fait pas une phrase sans une obscénité. Au début ça amuse. A la longue, ça fatigue...
De ce point de vue, je n'ai pas du tout accroché au style de l'auteur. Je me suis demandé ce que ça apportait à l'histoire de mettre une obscénité au bout de chaque phrase, d'apporter des détails croquignolets sur l'état du sexe de Caumes (c'est clairement risible). Ne me prenez pas pour autant pour une prude qui n'accepte aucun "gros mot" dans une narration. Tout est question de dosage et de ce que ça apporte au texte. On ne peut pas dire ici qu'il y a enrichissement en matière de sensualité...

Caumes tombe amoureux au moment où il est confronté à l'horreur. Oui et après ? Je n'ai pas vraiment vu où il était capable de dépasser son nombril. Pourquoi en est-on arrivé là ? Ce n'est pas évoqué. Ou du moins pas assez. Oui les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo mais c'est n'est pas que ça.
Et pour finir : la fin est aussi une caricature qui n'amènera pas le lecteur plus loin que le bout de son nez. ATTENTION SPOILER : Hakim meurt des suites de ses blessures infligées par des ados fachos qui le persécutaient depuis des années au lycée.

Bref, pour moi un roman qui manque d'analyse, de prise de hauteur, d'explications pour les ados. On n'apprend rien de plus que ce que l'on sait malheureusement déjà sur toutes ces horreurs. Bien que le narrateur soit un adolescent de 17 ans (quand même pas un bébé non plus), on aurait pu souhaiter quelque chose de plus fouillé dans le déroulement de l'histoire. Quand on lit un roman sur un tel sujet, on n'a pas envie d'être devant un témoignage à la sauce BFMTV.
Je ne lirai pas le tome 2.

Extraits :

"Hakim et Kevin sont deux purs produits de la cité HLM. Leurs parents sont employés à la Sodeco, l'usine de la ville (ici on fabrique des tickets; des tickets pour tout et n'importe quoi ; peut-être même pour le métro parisien, si ça se trouve). Au début, mes parents ont fait une drôle de gueule quand ils m'ont vu ramener à la maison le fils du maire socialo, comme ils disent, et deux prolos dont un Rebeu originaire de quel pays déjà, Caumes ? - La France, maman. Tu vois où c'est sur la carte ou tu veux que je te montre ? Depuis, mon père dit souvent avec une forme de condescendance qu'il est tout compte fait très instructif d'aller voir un peu comment ça se passe chez les autres."

"Dans mon corps, c'est la Troisième Guerre mondiale : je sens une marée acide aux relents de vodka se diriger vers ma gorge et, un peu plus loin, ma bite qui enfle et commence à mouiller."

"Derrière les mecs gueulent des phrases dont le sens s'évanouit avant même d'arriver jusqu'à moi. J'ai grave envie de pisser. Je commence à avancer. Et je me vautre. (...) le vent glace mon corps, je sens mes couilles se rétracter."

"(...) j'ai super envie de me branler, mais je n'ai pas trop le temps".

"Mes doigts seraient quand même bien plus utiles dans la chatte d'Esther."

"Partir d'ici. Monter à Paris. La vraie vie, je pense."

"Je pense avec angoisse à mon frère qui habite dans le onzième arrondissement de Paris - là où l'attentat vient d'avoir lieu - qui est en stage dans un journal dont j'ai oublié le nom (...).

"C'est trop chelou, ce qui est en train d'arriver : je suis fou amoureux pour la première fois de ma vie et des tarés ont flingué douze personnes de sang-froid. Je ne sais pas quoi faire de ce constat." (ben nous on a envie de te dire qu'il y a des tas de gens qui se font tuer tous les jours dans le monde par des guerres, mon garçon...).
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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