Plonger dans l'esprit d'un serial-killer est un exercice périlleux : nombre d'auteurs tombent dans le piège du sensationnalisme, du voyeurisme et de l'outrance là où les meilleurs jouent plutôt la carte de la subtilité pour lentement mais sûrement abattre tous les repères moraux du lecteur.
Fondamentalement Détestable est de ceux-là.
Car
fondamentalement détestable, Vincent ne l'est guère. Bien sûr, vous n'aimeriez pas l'avoir comme voisin ni même croiser sa route et pourtant, autour d'une véritable discussion, peut-être ressentiriez-vous de la compassion ou même de la pitié pour le bougre. Grave erreur, puisque Vincent déteste plus que tout les faibles et les victimes, et le ranger dans cette catégorie pourrait bien vous mettre dans sa ligne de mire. Et là est tout l'intérêt du roman : déstabiliser le lecteur au point de le pousser à remettre en question ses acquis moraux, sa vision du bien et du mal, et pourquoi pas lui faire embrasser le bourreau qui ne demande qu'à l'achever.
Fondamentalement malsain, fondamentalement nihiliste, fondamentalement déstabilisant et fondamentalement percutant. Mais détestable ? Sûrement pas.
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