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Critique de Candice42


Camélia, jeune lycéenne dans un internat voit sa vie chambouler quand un groupe de filles la prend pour leur bouc émissaire.
Cette bande dessinée traitant de la spirale du harcèlement est une réelle réussite car elle parvient à balayer de manière efficace toutes les formes que peut revêtir ce phénomène. Certains diront que des aspects ne sont pas assez approfondis mais personnellement je trouve cela intéressant qu'ils soient ne serait-ce que mentionnés dans une case car cela permet d'amorcer une discussion sur le sujet. Ainsi, cette bande dessinée est un ouvrage qui se lit en autonomie mais qui peut aussi constituer un point de départ à un travail plus étoffé en classe ou à une discussion en famille.
J'ai notamment apprécié le fait que l'on aborde le harcèlement « passif ». En effet, dans la majorité de ces ouvrages, les harceleurs sont coupables d'actes ou de paroles blessantes- c'est bien entendu le cas également ici mais pas seulement- , des actes de harcèlement « explicites » qui doivent être dénoncés mais qui ne doivent cependant pas éclipser les autres ingrédients qui permettent au harcèlement d'exister. Je parle de ces mises à l'écart sans explication, de la manière de « ghoster » une personne et de favoriser son isolement, d'être témoin et de ne rien dire car ce que l'on voit ne nous paraît pas très grave. Cette bande dessinée n'omet pas tous ces aspects et c'est ce que j'ai trouvé bien réalisé. Tout comme le fait de présenter les différents profils de harceleurs (le chef, la meute, celui qui est d'un côté harcelé mais qui participe au harcèlement d'un autre) ou bien les motifs qui poussent les adolescents à se harceler. Dit comme cela, on peut avoir l'impression d'avoir affaire à un catalogue mais l'ensemble est réellement bien intégré à l'histoire. On est ainsi loin d'une liste de cases à cocher.
Et surtout, merci de montrer que les adultes ont également leur rôle à jouer. Merci de ne pas vous être contenté de montrer des parents ou membres de l'éducation nationale qui ferment les yeux ou qui relativisent le phénomène. Car c'est souvent le point faible relevé dans certains ouvrages sur le harcèlement scolaire. Ce portrait de l'adulte avec un bandeau devant les yeux était peut-être valable il y a une dizaine d'années mais les choses ont un petit peu évolué- même si bien trop lentement- depuis. Aujourd'hui, il me semble que ce portrait daté de la réaction adulte pourrait être contre-productif car pourquoi un enfant harcelé se confierait-il à un adulte s'il ne cesse de lire dans les ouvrages abordant cette thématique qu'il ne recevra que très peu d'aide de ce côté là ? Attention, je ne dis pas que ces réactions n'existent plus mais il ne faut plus que ce soit la seule et unique représentation de la réaction de l'adulte présente dans ce type d'ouvrage. Par contre, il me semble intéressant de continuer à aborder la question des faiblesses du « système », comme c'est le cas dans la bande dessinée quand le proviseur mentionne le fait d'étouffer certaines affaires pour sauvegarder la réputation de l'établissement. Cette défaillance « systémique » me semble bien plus intéressante à mettre en lumière que la seule défaillance individuelle, même si cette seconde peut-être induite par la première. Mais dans ce cas-là il faut que le lien soit clair.
Pour autant, les auteurs n'oublient pas de montrer qu'il peut être difficile de se confier et c'est pour moi l'une des réussites majeures de la bande dessinée : l'ado peut avoir conscience d'être harcelé mais ne pas oser en parler de peur de faire de la peine à ses parents ou de ne pas être cru. le fait de montrer une réaction positive des adultes dans cet ouvrage permettra peut-être à certains de se libérer d'un trop lourd fardeau. Et c'est pour cela qu'il me semble important de faire lire cette bande dessinée au plus grand nombre de personnes.
Pour conclure, cette bande dessinée aborde de manière intelligente et synthétique le harcèlement sous toutes formes (insultes, rabaissement, cyberharcèlement etc). Même si de nombreux points sont abordés en si peu de pages, ils ne sont pas pour autant bâclés, car ils constituent une porte d'entrée à une prise de conscience de certains phénomènes ou états d'esprit plus insidieux que d'autres. Cette oeuvre constitue donc pour moi un merveilleux point de départ à une discussion ou à une réflexion plus approfondie sur le harcèlement, un phénomène particulièrement difficile à saisir dans son entièreté du fait de la complexité de l'esprit humain.
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