AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ziliz


Née au milieu des années 60, Marilène passe sa jeunesse dans une commune rurale de Vendée. Son père peine à maintenir l'exploitation agricole.
Marilène en gardera pendant des années une honte poisseuse et invalidante, le sentiment de n'être nulle part à sa place - au point de...

Ce récit (en partie autobiographique ?) rappelle les témoignages de Annie Ernaux et Edouard Louis : les difficultés d'intégration de personnes issues de milieux défavorisés.
On pense également aux propos de Bourdieu (cf. 'La reproduction', 1970), et au 'paradoxe d'Anderson', illustré par Pascal Manoukian dans son dernier roman homonyme.
Et évidemment à toutes les questions que soulève le mouvement des Gilets jaunes.
« Elle voit des hommes et des femmes pliés. Des hommes et des femmes courbés. Des hommes et des femmes ratatinés. [...] Une assignation à être là, et pas ailleurs. Parce que ailleurs n'est pas pour tout le monde. Tout le monde ne peut pas être ailleurs. Il faut que certains soient là pour que d'autres soient ailleurs. »

J'ai dévoré ce livre, mais je me suis de plus en plus éloignée du personnage central. La honte qu'elle décrit et ses traces indélébiles, je peux les comprendre.
Cependant, je ne les attribuerais pas à 'la pauvreté', mais à la précarisation et au sentiment d'infériorité ressenti.
Dans la famille de Marilène, on n'est pas si démunis matériellement, socialement, intellectuellement, pour l'époque : on a un toit, de quoi manger, on sait lire, on respecte les enfants, on fête Noël chaque année, on a rarement des vêtements neufs, certes, mais dans les 70's, on recyclait beaucoup d'un enfant à l'autre, et nos mères tricotaient et cousaient.
Et surtout, chez Marilène, l'amour, la compréhension et le soutien des parents sont là. Qu'ils n'aient pas de bibliothèque faute de livres à mettre dedans, ce n'est peut-être pas si grave...
Bref, elle m'a semblé un peu ingrate et injuste, à ressasser cette 'misère', comme Annie Ernaux dans ses textes les plus récents.
En tout cas, j'ai l'impression qu'elle se trompe de colère, Marilène : ce qui colle à ses semelles, c'est plutôt l'humiliation de l'échec paternel, et le regard des autres sur sa famille, ou celui qu'elle imagine qu'on a porté sur elle.

Quoi qu'il en soit, ce constat est indéniable : « Comme si c'était vrai, cette 'égalité des enfants sur la ligne de départ'. Comme si elle était fondée, cette affirmation. Que rien ne venait la mettre à mal, la démentir. »
Commenter  J’apprécie          455



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}