Je vais faire court, comme le nombre de pages de ce roman, format Poulpe oblige. Et ne croyez pas que l'intrigue est survolée, que la description de ce monde futuriste est esquissée.
Antoine Chainas réalise un coup de force en nous transportant loin dans le temps, grâce à sa structure mais aussi son style précis, épuré et efficace. Il laisse ses descriptions minutieuses pour une vision cauchemardesque répondant à ce vieil adage : Panem et circenses. L'idée (géniale) est d'insérer en tête de chaque chapitre des encarts qui décrivent mieux que de longs paragraphes comment les gens vivent, à coups de publicités, programmes télévisuels ou comptines.
Ce futur est une société fasciste, qui dirige, guide ses citoyens par l'omniprésence des média et des loisirs. Il y a autant de pauvres qu'aujourd'hui, autant de racisme qu'aujourd'hui, autant de grosses sociétés opaques qu'aujourd'hui. La culture en est absente, plus personne ne lit de livres, et le top du loisir, c'est de pouvoir faire des choses extravagantes ou extraordinaires par clone interposé. La vision du futur made in
Chainas est noire, très noire, pas réjouissante du tout. Ne croyez pas qu'il n'y a pas d'humour, les clins d'oeil sont nombreux et j'ai souri souvent.
A coups de chapitres ultracourts, le livre se lit très vite, s'avale presque goulûment, car le suspense est très bien mené et prenant. On est dans un remake de I robot, Blade Runner et Minority Report à la fois, avec des citations de 2001, le fantastique livre de
Arthur C. Clarke. On retrouve les obsessions de
Antoine Chainas, ses réflexions sur la vie, la mort, les sentiments, les sensations, mais avec moins de passages choquants que dans ses romans de la série noire. En fait, ce Poulpe est de très bonne facture et c'est aussi une bonne introduction au monde littéraire de
Chainas. C'est un roman fantastique pour passer deux heures de détente et de réflexion. Et puis, ça coûte 8 euros, ça ne coûte pas cher pour un voyage dans le futur.
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