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Critique de Foufoubella


Lorsque je lis un roman, souvent, une musique m'accompagne. Et quand ce n'est pas une chanson qui me trotte dans la tête, ce sont des images qui me viennent à l'esprit, j'imagine alors le film qu'on pourrait en tirer. Cette fois-ci, ce fut les deux. Michel, le narrateur, a eu les traits d'un acteur que j'aime beaucoup, j'arrivais même à imaginer les scènes, les postures, les mimiques. Et, bien entendu, la célèbre chanson de Pierre Bachelet m'a accompagnée. Cette terre de charbon, cette ligne d'horizon grise, ces hommes, ouvriers ou mineurs de fond.
Pour expliquer cette lecture, je vais devoir me raconter un peu.
Je suis une fille du Nord. Je n'ai pas encore 40 ans, la mine je ne connais que ce qu'on m'en a raconté. Et je me souviens.
Je me souviens que mes grands-pères n'étaient pas mineurs mais ouvriers. L'usine tue aussi. Mon papi Roger nous apprenait, à nous ses petits-enfants, l'Internationale que nous chantions à tue-tête dans nos écoles privées catholiques, nous ne sommes plus à une contradiction près.
Je me souviens de ma grand-mère, élevée loin de cette terre du Nord mais qui l'a rejointe par amour pour son mari qui lui ne voulait pas la quitter. Et elle y est restée, car sa vie, après tout, fut belle ici.
Je me souviens de ce mineur de fond qui faisait visiter la mine-musée de Lewarde, près de Douai, devenue la mémoire collective de l'histoire de ma région, à des gamins de primaire, dont je faisais partie, qui n'avaient pas la moindre idée de ce qu'était son métier et la penibilité de celui-ci; trop jeunes certainement pour comprendre que des enfants de leur âge, ou à peine plus âgés, à une époque pas si lointaine, descendaient à la mine comme eux allaient à l'école.
Je me souviens un peu plus tard, au collège, avoir visionné le film Germinal lors d'une sortie scolaire; je me souviens de Renaud, magistral en Étienne Lantier.
Beaucoup plus tard, je me souviens avoir envoyé une photo d'un terril à mon amoureux, bordelais, avec qui je venais de grimper la Dune du Pilat en lui disant que c'était notre Dune à nous.
Il y a un proverbe qui dit "Partir un peu, revenir beaucoup". Je pars du Nord régulièrement, j'y reviens toujours.

Alors, cette lecture, je l'ai véritablement vécue. Je ne peux expliquer les émotions qui m'ont submergées, surtout dans sa première moitié. Car ce roman est divisé en deux parties et même si la première est redondante, c'est celle que j'ai préférée car, tout simplement, elle me parlait. J'ai aimé ce narrateur qui parlait de lui, des siens, au sens large, de sa douleur, de son amour. Car davantage qu'une histoire de vengeance et de haine, c'est une histoire d'amour qu'il raconte. Puis, au milieu du roman, ça vrille. Et j'ai nettement moins aimé cette seconde partie car je crois n'avoir pas compris le chemin que prenait Sorj Chalendon, ou plutôt ce n'est pas ce chemin-là que j'aurais emprunté, mais là justement réside la beauté du choix du romancier.

Il s'agissait ici de ma découverte de cet auteur. J'ai d'abord beaucoup aimé sa plume, phrases très courtes, écriture très ciselée pour un effet percutant. Puis, sa plume m'a lassée; dans sa deuxième moitié, alors qu'un nouveau roman s'ouvrait, j'aurais aimé un rythme plus lent et une écriture un peu plus travaillée.

J'ai longtemps hésité entre trois et quatre étoiles: j'ai adoré le début, j'ai pleuré, puis j'ai lu avec moins d'intensité le reste du roman. Et enfin, la postface de Sorj Chalendon m'a émue aux larmes. Il donnait la parole aux Hommes.
Un gros quatre étoiles


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