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Critique de AlbertChampeau


Ce texte met en scène dans une dramaturgie paroxysmique les passions et les vices des hommes, leurs coups de sang, les dégâts occasionnés et leur purgation expiatoire. Différents tableaux décrivent dans un décor dantesque des personnages romanesques, hauts en couleur, teintés d'humour et de gouaille rabelaisienne, voire submergés d'amour et d'érotisme. Un voyage en absurdie submergé par le monde obscène de l'éros.

L'écriture est exaltée à l'extrême. le goût du verbe omniprésent. La plume vigoureuse, jouant de calembours lyriques et autres divertissements stylistiques. Avec une prose enflammée et incantatoire, le verbe chante une sorte de chant allégorique et érotique où la bête à Bon Dieu est loin d'être une coccinelle… Il s'agit d'un homme. Il n'a qu'une arme magique : son muscle mâle. Son origine : la faute. Bien sûr, celle des autres. Son déterminisme : les femmes. Sa liberté : la révolte. Donc, la licence. Finalement, un destin de bouc émissaire. Avec une folie héroïque, divagant d'orgies et d'extravagances pour coïts exaltés, il tient le premier rôle : celui de victime de choix. En vedettes américaines : des femmes en rut, et leur produit : l'homme. En vedette espagnole : une sirène et son pistil. Tout est dit de sa vie affective et de son destin : putain et maman seront son horizon alternatif. Sa vie : un théâtre. On n'y jouera qu'une seule représentation : la maman, la putain, et le petit cochon. Que du karmique. Dieu est le régisseur du théâtre, il compte les points et attend l'inéluctable.

Tout autant lumière que ténèbres, la maîtresse interdite incarne le canal de la prostituée. « la louve » satanique. Voici l'enjeu diabolique de la tentation ; sûrement les atours du piège pour creuser les instincts jusqu'à l'idéal. C'est la femme des grandes apocalypses. Un péché ambulant. La « maman », épouse-mère, incarne quant à elle une sorte de matrona honesta et pudor qui défend l'ordre établi et castrateur par tous les moyens prostituables, toujours au risque de se perdre. Confronté à ces deux archétypes ennemis, l'homme qui reste désespérément peccable succombe aux secousses de la viande dans un délire érotique. Les femmes conduisent l'intrigue en reines phalliques, rivalisant de séduction et d'envoûtement pour conserver le monopole de l'utérus. C'est donc une histoire de bonnes femmes au cul percé et à la toison humide, infestées de mille démons, dans le quel notre héros quasi métaphorique se retrouve par déterminisme confronté aux bonheurs et aux affres de la transgression.

L'unité de lieu se situe dans l'ordinaire du vécu, un univers à la six-quatre-deux abandonné aux vices abrasifs et cyniques d'un idiot égocentrique, dont les interventions déclenchent les bas-fonds de la personnalité, les péchés capitaux rampants. C'est dans ce bain de chaos de noces animales que se joue ce combat entre pureté et perdition. Dans une relation d'anéantissement où l'issue purificatrice sera tarpéienne. Dans cette histoire de dingues, les renversements sont inattendus, magiques, et inéluctables, puisque chacun est conduit par où il pèche, terrassé dans ses propres perversités, aux confins de l'excès, tout près de Dieu. Finalement, ce conte de fées, embrumé d'un subtil voile de sperme vaporisé, se termine comme il avait commencé, sur une condition engloutie.

Traçant une voie qui irait vers la liberté, par excès de liberté dans la licence et, par plaisir retourné, dans la mystique de soi, l'homme peut surgir à l'horizon de l'Autre, où l'Autre n'est que le tragique sosie qui lui renvoie un plaisir redoublé en écho. Dieu. La Chute à l'histoire. Même si l'amour reste l'unique certitude, une fondamentale de vie, ce morceau de vérité demeure souvent la révélation de deux solitudes qui généralement se suffisent à elles-mêmes, comme un vain jeu de miroir. Souvent encore, comme le revers d'une peau de chagrin, il peut être subversif selon l'usage, parce que création et destruction se fondent dans l'acte d'amour comme deux vrais jumeaux Chaque passion fait vivre et croître. Engage et détruit toujours. Heureusement pour les Autres, le bouc est là comme un agneau, en l'absence de ses frères, né sans espoir ni terreur, pour assumer le châtiment d'avoir été créé pour le meilleur de tous, uniquement pour cette vilaine chose. Comme disait Thomas d'Acquin, définissant Satan, la « bête » se justifie par ce que Dieu veut en faire, et ce, quelle que soit sa nature : sacrifiée, tentatrice, ou animale, Finalement, un « moyen » de rédemption.
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