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Critique de Shaynning


Incontournable Novembre 2022

Roman rocambolesque et déjanté, c'est le moins qu'on puisse dire, "Frankie: Quel cinéma!" propose l'histoire de deux personnages dépareillés, une jeune fille et sa tante.

Frankie une jeune fille qui aime la tranquillité, préfère le confort et n'est pas du genre bavarde. Au contraire, sa tante Paulie est exubérante, extravertie et créative. Frankie vit avec sa tante depuis le décès tragique de ses parents et leur cohabitation ne se fait pas toujours sans heurts. Avec leur sens du théâtre et leur vocabulaire un peu pompeux, Alphonse et Gustave, les deux majordomes de la riche Paulie, nous raconte ce jour post-anniversaire de Frankie, alors que Paulie veut rattraper le coup avec une activité hors de l'ordinaire. En cela, effectivement, proposer un rôle sur un plateau de tournage est une idée originale. Néanmoins, du matin au soir, tout va de travers, de leur arrivé couvert d'eau de pluie à cette scène de tournage qui tourne au désastre. Entre une brioche mal perçue, un garçon trop plastique, une équipe de tournage en sous-effectifs et des cheveux beaucoup trop huilés, le duo tante-nièce trouvera-t-il tout de même quelque réconfort à tout ce bazar?

Un des points forts du roman, à mon sens, est le choix de la narration par Gustave et Alphonse, de sensibles, distingués et dramatiques majordomes vraiment adorables. Un récit servit au "nous", donc, avec leur états d'âme et leurs réflexions conjointes toujours partagés. Un cas rare, en fait. L'humour est grandement servit par leur côté drama-queen, leur impuissance et leur évidente tendresse pour ces deux femmes qui partagent leur vie. Ces narrateurs témoins sont néanmoins participatifs et auront même été la cause de quelques unes des micro-catastrophes qui entraine la débâcle générale. Ce sont mes personnages préférés.

Frankie est un personnage introvertie, marabout, solitaire, timide et qui déteste être sous les feux de la rampe. Elle a néanmoins une réelle passion pour le cinéma, d'où la folle idée de s'improviser une journées sur les plateaux de tournage. Ça c'est l'idée de Paulie, qui est assez contraire de tempérament. C'est une optimiste, une entrepreneuse, une grande curieuse qui ne tolère pas un "non" comme réponse. Sa façon de s'imposer peut cependant être lourde, surtout pour une jeune fille qui aspire au calme et à l'intimidé.

Le personnage de Beauté est un réel rafraichissement. Je n'avais jamais vu un garçon englué dans le rôle superficiel du "Mini-Mister", car d'ordinaire, ce sont les filles qui écopent de ce rôle ingrat. Mais ici, nous avons un garçon qui fait des concours de beauté, avec un prénom ridicule, un masque de maquillage, un casque de produits capillaire et des vêtements stylés en toute circonstance. C'est un gentil petit bonhomme, un peu indélicat et naïf, mais bienveillant et enthousiasme.

Nos personnages haut en couleurs se partagent donc une journée sur un plateau de tournage, où les catastrophes ( relativement mineurs) s'enchainent. On en profite pour découvrir un peu l'histoire de Frankie, devenue orpheline. On découvre aussi son éloquence, trait qu'elle peut assurément employer pour cette publicité sur du jambon qu'elle doit tourner avec Beauté et tante Paulie. Un trait qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler sa tante.

Le roman traite assurément de la difficulté d'un enfant à survivre à ses parents et faire confiance à son tuteur, ici la tante Paulie, bien-intentionnée, mais souvent maladroite. Pas simple de concilier deux personnes à la personnalité si divergente. Aussi, il y a la question de prendre confiance en ses habiletés. Frankie le découvre en travaillant sur cette publicité, qui n'a finalement pas du tout la forme anticipée. Cela me rappelle les nombreuses histoires réelles de gens qui ont apprivoiser leur timidité grâce au théâtre et aux arts de la scène. Enfin, il y a la question des liens, que ce soit celui du sang ou celui de l'amitié. Frankie réalise la chance d'avoir sa tante, qui l'aime sincèrement, ainsi que les deux narrateurs, toujours aux petits soins pour elle. Également, l'une comme l'autre sont douées d'un certain engouement pour le monde des arts de la scène.

C'est donc une histoire mignonne, loufoque, remplie d'action et de bonne humeur malgré les dérapages cocasses. Une histoire pétillante, mais néanmoins sensible. Un roman illustré au crayon de bois, qui permet d'admirer la sympathique tête broussailleuse de Frankie, notamment.

Un petit remontant contre la morosité!

Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans.

P.S: La phrase "comme un dictateur sur le point de faire une guerre éclaire", ainsi que le nom de famille Zilensky, me semblent être des clin d'oeil à ce qui se passe actuellement en Europe de l'Est.
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