AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


Un vieux réflexe de judéo-chrétien inciterait le lecteur à penser que Louis Vertumne, le critique littéraire à la fois encensé et honni - mais on reconnait que sa méchanceté fait le buzz - mérite ce qui lui arrive dès la page 11* du récit.
Punition divine. Un Dieu païen à n'en pas douter, car le vrai Dieu ne joue pas à ce genre de jeu, il le réserve à ses anges, ses démons et ses Saints.
Or donc, le citoyen Vertumne coutumier des salons luxueux, des femmes vertigineuses, des alcools et des soupers fins, voit, un soir où par exception il emprunte une ruelle déserte et sombre à souhait, son brillantissime esprit bien fait mais pétri de certitudes (nous pensons son âme pour rester dans le divin, mais sait-on jamais !) atterrir dans le corps de Donovan Dubois un skinhead de la pire espèce.
Son problème immédiat est simple, s'il est entré dans ce corps jeune et vigoureux, il ne dispose pas des réflexes pour le conduire encore moins pour le maîtriser.
"Le sort lui avait fait le cadeau de remettre le compteur biologique à zéro mais l'étrangeté de sa situation assombrissait son euphorie."
Cette jeunesse nouvelle, il n'en veut pas. du moins pas tout le temps.
Le récit est bâti sur cette ambiguïté d'un intellectuel reconnu ne pouvant montrer à ceux qui l'écoutent que l'apparence d'un être qui, selon eux, ne peut tenir les discours qu'il tient.
Déclinaison du proverbe selon lequel l'habit ne pas fait le moine en une version plus proche de la réalité, l'habit fait bel et bien le moine, à n'en pas douter...
Les jours passent. Vertumne ne renonce pas à retrouver ce qu'il considère comme sa gloire passée en se convainquant qu'un jour il quittera ce corps.
En attendant, il en profite, notamment sur le plan sexuel, mais sans renoncer à conquérir celles avec lesquelles il avait vécu dans sa vie antérieure.
Le roman explore à sa façon, les thèmes du déterminisme et de l'ostracisme social et révèle les difficultés du transfuge de classe que devient Vertumne malgré lui.
Jamais le lecteur n'est tenté de le plaindre.
Vertumne est seul. Finira-t-il par trouver la porte de sortie ?
L'auteur lui-même n'en semble pas convaincu et c'est par un artifice inattendu qu'il conduira son personnage (je ne dis pas héros) à se conformer au sort que le destin lui a réservé, s'offrant au passage une belle rédemption et accordant une forme de pardon à tous ceux qu'il avait autrefois détestés.
Une belle boucle !




* Dans l'édition de poche Libretto
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}